Comment Hollande a géré la démission de Cahuzac

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et Alexandre Kara , modifié à
RECIT - L'exécutif avait anticipé le départ du désormais ex-ministre du Budget.

Cela a sonné comme un coup de tonnerre. Mardi, dans la soirée, Jérôme Cahuzac a donné sa démission après que le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire  concernant un possible compte en Suisse qu’il aurait détenu jusqu'en 2010. Mais à l’Elysée et à Matignon, tout était prévu.

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Etape 1 : le coup de fil de Cahuzac à Ayrault
 

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A 10.000 mètres d’altitude, dans l’avion qui le ramène de Rome où il a assisté à l’intronisation du pape François, Jean-Marc Ayrault prend connaissance du communiqué du procureur annonçant l'ouverture d'une information judiciaire à l’encontre de son ministre du Budget. Quelque 45 minutes plus tard, tout juste arrivé à Matignon, le téléphone du Premier ministre sonne. C’est Jérôme Cahuzac :
"Jean-Marc, la situation n'est plus tenable. Je vais démissionner, c’est mieux pour le gouvernement et pour moi, je vais me consacrer à ma défense."
 Réponse du Premier ministre : "j'appelle le président, et je te rappelle."

Etape 2 : préparer un remaniement express
L’heure est à l’urgence. Afin d’éviter que cette information ne pollue la séquence médiatique du lendemain, consacrée à la motion de censure de l’UMP que Jean-Marc Ayrault attend de pied ferme, il faut boucler le remaniement avant les journaux de 20h. C’est la position affichée par Claude Sérillon, le nouvel homme fort de la communication présidentielle, et Pierre-René Lemas, le secrétaire général de l’Elysée.

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Étape 3 : Prévenir les intéressés
Un peu avant 17 heures, Jean-Marc Ayrault et François Hollande décident d’accepter la démission de leur ministre du Budget. Le président appelle Jérôme Cahuzac pour l’en informer. La discussion est brève, peu chaleureuse entre deux hommes qui n’ont jamais été proches, ni politiquement ni humainement. Mais l’échange témoigne du respect porté par le chef de l’Etat au travail de Jérôme Cahuzac. Reste désormais à le remplacer. Pas un problème pour les deux têtes de l’exécutif, qui ont anticipé ce scénario catastrophe depuis plusieurs semaines. Bernard Cazeneuve, un proche du chef de l’Etat, prendra la suite au ministère du Budget, et Thierry Repentin, lui aussi un fidèle, le remplacera au ministère des Affaires européennes. Quant à Michel Sapin, il a insisté pour récupérer la Formation professionnelle dans son portefeuille du Travail. Il obtient gain de cause, ce qui réduit le gouvernement d’une tête. Un signe d’avenir pour un gouvernement jugé trop pléthorique en haut lieu.

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Étape 4 : faire comme si…
Le tremblement de terre ne doit pas en être un, alors François Hollande ne bouleverse en rien son programme. La démission de Jérôme Cahuzac est un coup dur en pleine négociation budgétaire ? Pas pour le président, qui assure sans ciller son discours aux professionnels du livre. Après ça, à 18h50, il donne son feu vert à la communication du départ de Jérôme Cahuzac du gouvernement. En moins de trois heures, le remaniement a été bouclé. Les chaînes de télévision peuvent désormais traiter la nouvelle en long et en large. Et apprendre aux autres ministres, pas dans la confidence, le départ de leur collègue. La séquence est terminée, une autre s’ouvre mercredi.