Le repas. "Moi président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l'Élysée", avait promis le candidat socialiste François Hollande, durant la campagne présidentielle. La promesse a fait long feu. Lui "président de la République" a bien reçu, lundi soir à l'Elysée, les chefs des partis de gauche, pour tenter de ressouder sa majorité. Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, le secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts, Pascal Durand, le président du Mouvement progressiste, Robert Hue, le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet, et le président du Mouvement républicain et citoyen, Jean-Luc Laurent, tous ont partagé la table du chef de l’État, autour d'un menu "correct et sans excès" à base de ris de veau et de pigeon, comme l'a indiqué Robert Hue au micro d'Europe1.
>>> Le repas valait-il le coup de trahir une promesse de campagne ? On a sondé les invités.
"Utile et unitaire". Attentif, ouvert, les participants sortant de la réunion ont semblé satisfait de l'attitude du chef de l’État. Quid des sujets abordés ? "Le président a directement placé le débat sur les enjeux qui vont se poser à la rentrée : transition énergétique, Budget, fiscalité, retraites. On a fait des tours de table. C'est indispensable pour la cohésion de la majorité", se réjouit, pour sa part, Pascal Durand au micro d'Europe 1. " C'était vraiment utile, au point que François Hollande a proposé que nous nous retrouvions avant la fin de l'année. Aucune question n'a été écartée. Aucun parti n'a compté plus qu'un autre. Nous étions à l'image de notre diversité", s'est également satisfait Robert Hue. Et de conclure : "en deux mots, c'était une réunion utile et unitaire".
"Calinothérapie". En off, certains autres participants restent un peu plus mesurés. L'entourage de l'un d'eux cité par Reuters évoque simplement "une séance de 'calinothérapie'" présidentielle, à quelques semaines d'une rentrée risquée, notamment sur le front des retraites, et à huit mois des élections municipales. Et la même source prévient : "Ce n'est pas parce qu'on a appelé à voter pour François Hollande l'an dernier qu'on doit voter aveuglément au Parlement !" "François Hollande sait parfaitement là où ça coince dans une majorité qui s'est sentie un peu malmenée, parfois méprisée", a toutefois ajouté cette source, semblant tout de même faire confiance au chef de l’État.
Une majorité en péril. Le succès de ce rendez-vous était important, tant la majorité semblait s'éroder. Alors que la gauche a perdu huit scrutins électoraux d'affilés, François Hollande a voulu ressouder les rangs. Ces derniers mois, toute une série de dossiers lui ont valu des reproches venant de toutes parts. Les plus sensibles ont été ceux du nucléaire, de la transition énergétique et du budget du ministère de l'Ecologie - marqué par l'éviction du gouvernement Delphine Batho - qui ont conduits les Verts au bord du clash. Les Radicaux de gauche ont, eux, également refusé de voter la transparence ou le non-cumul des mandats. Tandis que d'autres partenaires considèrent que la barre n'est pas assez à gauche. "Si la majorité n'arrive pas à se parler, elle n'arrive pas à définir des objectifs forts et communs. Et si elle n'y arrive pas, on n'arrivera pas à convaincre les Française et les Français", a prévenu Pascal Durand.