Fillon, Copé et les femmes

François Fillon et Jean-François Copé lors des journées parlementaires de l'UMP, à Marcq en Baroeul.
François Fillon et Jean-François Copé lors des journées parlementaires de l'UMP, à Marcq en Baroeul. © MAXPPP
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Les femmes de l'UMP ont publié deux tribunes. L'une en faveur de Fillon, l'autre pour Copé.

En politique comme ailleurs, les femmes savent se faire entendre. Alors lundi, en pleine course à la présidence de l’UMP, et sans qu’elles se soient préalablement concertées, fillonistes et copéistes du sexe faible se sont chacune fendues d’une tribune dans Le Figaro pour vanter les mérites de leur champion. Quand les unes vantent "les nombreuses avancées réalisées sous le gouvernement Fillon en faveur des femmes", les autres jugent Jean-François Copé comme l’homme qui "fera avancer la cause des femmes pour laquelle il se bat, avec nous, depuis longtemps". Qui dit vrai ?

>> Fillon et "les sarkozettes"

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Comme François Hollande en 2012, Nicolas Sarkozy avait promis la parité en 2007. Pourtant, quand François Fillon annonce la composition de son gouvernement, le 18 mai 2007, certes sept femmes sont sur la photo de famille, mais les quatre secrétaires d’Etat (Karoutchi, Jouyet, Besson et Bussereau) et le haut-commissaire (Hirsch) sont tous des hommes, faisant ainsi dégringoler la part des femmes à 33%.

Au gré des différents remaniements, la dernière mouture du gouvernement Fillon ne comptait plus que sept femmes, dont seulement deux ministres (Valérie Pécresse et Roselyne Bachelot).

En février dernier, l’ancien Premier ministre a toutefois fait un cadeau à ces dames en supprimant le terme "mademoiselle" des formulaires administratifs. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour elles… Les associations féministes assimilaient en effet l’emploi de ce mot  à une discrimination, les femmes étant contraintes de faire état de leur situation matrimoniale. "La force de Fillon, c'est qu'il n'établit aucune différence entre hommes et femmes politiques. Il juge à l'aune des compétences, et c’est ce que les femmes attendent", assure à Europe1.fr Aurore Bergé, membre de son équipe de campagne et auteure d'un essai sur l'égalité hommes-femmes*.

>> La loi sur la burqa au crédit de Copé

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Les "femmes de Copé" ne jurent que par ce texte. Le 27 janvier 2011 était promulguée la loi relative à la représentation des femmes au sein des conseils d’administration et de surveillance, portée par le secrétaire générale de l’UMP. "La part des femmes dans les conseils des  entreprises du CAC 40 a doublé au cours des deux dernières années", se félicitait en mars dernier la député Marie-Jo Zimmermann, soutien de Copé sur ce sujet.

Autre texte mis en avant par les copéistes : la loi sur la burqa. C’est en effet l’élu de Meaux qui a déposé cette proposition de loi, en décembre 2009, entraînant un vif débat à l’UMP. Un temps hésitant, François Fillon avait finalement estimé qu’interdire le port de la burqa revenait à "éradiquer une pratique sectaire". Le texte a été adopté le 14 septembre 2010.

 Jean-François Copé traine néanmoins un boulet : les dernières élections législatives. Alors que la parité est prévue par la loi, l’UMP avait investi moins de 30% de femmes. "Je plaide coupable avec regret", admettait le secrétaire général du mouvement. Pas suffisant pour calmer la fureur de certaines prétendantes d’alors, dont Rachida Dati…  pourtant signataire de la tribune pro-Copé.

>> Ce qu’en pensent les féministes

Féministes, les deux candidats à la présidence de l’UMP ? Au ministère du Droit des Femmes, contacté par téléphone, on se contente de sourire. Lydia Guirous, elle, ne rigole pas. Pour la fondatrice et présidente de "Future, au Féminin", un club de réflexion féministe se revendiquant de droite, "aucun des deux candidats n'est féministe. Il est triste de voir cette instrumentalisation des femmes à chaque fois qu'il y a une échéance importante. Si Jean-François Copé et François Fillon étaient  si féministes qu'ils le prétendent, ils auraient fait en sorte que Nathalie Kosciusko-Morizet puisse être candidate à la présidence de l'UMP. Seule la volonté de Nicolas Sarkozy a fait avancer la cause des femmes ces cinq dernières années", tranche-t-elle.

 

*Alter-Égales, A.Bergé, É. Massé, É.Vouve,  Normant éditions, 120 p. 11 euros.