Qui reste, qui part ? François Hollande a chargé Manuel Valls de former un nouveau gouvernement, attendu pour mardi, à la suite des critiques d'Arnaud Montebourg à l'encontre de la politique économique menée par l'exécutif. Le départ du ministre de l'Economie est acté, tout comme celui de certains de ses collègues qui, eux aussi, ont pris position en faveur d'une inflexion de la politique du gouvernement.
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Hamon, le frondeur prudent
A quelques jours seulement de la rentrée scolaire, l'ancien ministre de l'Education a suivi la ligne de conduite d'Arnaud Montebourg. Invité sur le plateau du 20h de France 2 lundi, Benoît Hamon a annoncé ne pas avoir l'intention de participer au prochain gouvernement. L'ancien ministre a tenu à "rassurer les Français sur un point : la rentrée a été bien préparée. Heureusement, elle ne se prépare pas une semaine avant".
L'ancien ministre de l'Economie avait auparavant annoncé la démission de son collègue de l'Education lors d'une conférence de presse. Arnaud Montebourg a salué un homme qui a "fait le choix de [ses] convictions".
Benoît était en effet l'invité d'honneur de la Fête de la Rose organisée par Arnaud Montebourg, dimanche à Frangy-en-Bresse. Et le ministre de l'Education, Benoît Hamon, avait saisi l'occasion pour s'engouffrer dans la brèche ouverte par les critiques de son collègue de l'Economie. "Arnaud et moi ne sommes pas loin des frondeurs", a-t-il affirmé au Parisien dimanche. "Mais notre problème n'est pas d'en prendre la tête", nuançait-il. "Notre volonté est d'être au service d'un rassemblement de la gauche et de peser au sein même du gouvernement".
Dimanche soir, alors qu'il affirmait qu'Arnaud Montebourg avait franchi "une ligne jaune", l'entourage de Manuel Valls se montrait plus clément à l'égard de Benoît Hamon. "Il n'est pas ministre de l'Economie, ce n'est pas tout à fait la même chose", indiquait ainsi Matignon au Monde. Dans un premier temps, l'intéressé ne semble pas vouloir faire plus de vagues. "On est assez serein, on est au travail", indiquait lundi matin l'entourage de Benoît Hamon, peu après l'annonce de la démission de l'ensemble du gouvernement. "On n'est pas du tout dans un état démissionnaire", ajoutait-on à ce moment-là, insistant sur la rentrée "qui est sur les rails".
Tenant de l'aile gauche du Parti socialiste, le ministre Hamon était pourtant resté discret depuis l'élection de François Hollande. Nommé à l'Economie sociale et solidaire en 2012, il avait été promu à l'Education nationale lors du remaniement d'avril dernier, un poste qui en faisait le numéro 4 du gouvernement. Ses déclarations du week-end, plaidant pour "une relance de la demande", sonnent comme son premier véritable coup d'éclat, même s'il avait pris soin de modérer ses propos.
Filippetti prend les devants
Aurélie Filippetti a anticipé une très probable sortie du gouvernement. Dans une lettre adressée à François Hollande et Manuel Valls, la ministre de la Culture a déclaré ne pas être "candidate à un nouveau poste ministériel", préférant "la loyauté à ses idéaux" au "devoir de solidarité" gouvernementale, dans un courrier transmis à l'AFP. Aurélie Filippetti était plus que jamais sur la sellette. D'abord parce qu'elle aussi avait exprimé sa sympathie pour Arnaud Montebourg et Benoît Hamon dimanche, en leur souhaitant sur Twitter "une belle journée" pour la Fête de la Rose.
Je souhaite une belle journée à #Frangy2014 à @montebourg et @benoithamon— Aurélie Filippetti (@aurelifil) August 24, 2014
Mais aussi en raison de plusieurs ratés dans la gestion de ses dossiers. La crise des intermittents du spectacle, dont la grève a paralysé plusieurs festivals cet été, reste notamment en travers de la gorge de l'exécutif. Mercredi, le Canard enchaîné rapportait qu'"à l'Elysée comme à Matignon, on miserait sur un départ d'Aurélie Filippetti lors du remaniement post-sénatoriales", c'est-à-dire fin septembre. L'affaire Montebourg va-t-elle avancer la date de l'exécution ?
Taubira, la prochaine ?
Depuis l'élection de François Hollande, elle est la principale rivale de Manuel Valls au sein du gouvernement. Lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, la garde des Sceaux s'était violemment opposée à lui sur la réforme pénale. Christiane Taubira avait pourtant réussi à conserver son poste lorsque Valls avait été nommé à Matignon, en mars.
Mais sa proximité avec Arnaud Montebourg et Benoît Hamon pourrait jouer en sa défaveur. On se souvient des dîners organisés l'année dernière entre ces ministres, les plus à gauche du gouvernement. En juin, Christiane Taubira a aussi défendu les députés "frondeurs" du PS, en exigeant "qu'il y ait des espaces de débats, des espaces d’amélioration des textes".
Enfin, selon une journaliste de BFMTV, la ministre de la Justice a envoyé dimanche un message de soutien à Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, après leurs déclarations critiques à l'encontre de l'exécutif. "Bravo !", leur aurait-elle écrit. Un autre élément qui pourrait jouer en sa défaveur.
Christiane Taubira a envoyé un message de soutien à Montebourg et Hamon. Elle leur écrit "Bravo!" #ministresfrondeurs— Apolline De Malherbe (@apollineWakeUp) August 24, 2014