Une décision déplorable et "insultante". Christian Estrosi n'a pas mâché ses mots mardi matin après l'annonce de la Grèce d'organiser un référendum sur le plan de sauvetage financier du pays. Le reste de la classe politique critique également la décision du Premier ministre grec. De son côté, l'Elysée n'a pas réagi officiellement mais a indiqué que Nicolas Sarkozy s'entretiendrait avec Angela Merkel.
"Totalement irresponsable"
"Lorsqu'on sait le mal que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont eu à faire adopter ce plan courageux, je vous le dis très clairement, je déplore cette décision qui me paraît totalement irresponsable de la part du Premier ministre grec", a regretté mardi matin Christian Estrosi, maire de Nice et proche du chef de l'Etat.
A ses yeux, George Papandreou a cédé à la "panique" devant les manifestations populaires qui menacent le devenir de son gouvernement. Christian Estrosi a dit craindre une victoire du "non" lors du référendum. "C'est un risque important, je souhaite que le Premier ministre grec revienne sur cette décision", a-t-il déclaré.
Cette initiative pose "d'énormes problèmes"
Jean-François Copé a également condamné l'annonce de Georges Papandréou. "Cette initiative grecque pose d'énormes problèmes", a-t-il estimé mercredi sur Europe 1. "La difficulté est que personne ne peut par définition contester la légitimité d'un retour au peuple. C'est une décision du gouvernement grec de solliciter le peuple grec sur ce plan", a rappelé Jean-François Copé.
Même son de cloche du côté du syndicat patronal, la présidente du Medef dénonçant "un comportement anormal, qui n'est pas loyal, à l'égard des chefs d'Etat européens, à l'égard des peuples européens".
Mélenchon et Le Pen applaudissent
A l'inverse, les eurosceptiques se réjouissent d'une telle annonce, Jean-Luc Mélenchon en tête. L'organisation d'un référendum n'est qu'"un minimum de démocratie", estime le candidat du Parti radical de gauche, avant de poursuivre : "Georges Papandréou savait qu'il ne pourrait pas tenir plus longtemps sans consulter le peuple grec". "Aucun peuple au monde ne peut accepter de se voir annoncer un futur pareil", a-t-il estimé, avant d'indiquer que, selon lui, le "non" l'emporterait.
"C'est un sursaut de dignité dans un monde de dirigeants qui méprisent le peuple et sont consternés quand on consulte le peuple", a renchéri Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République. "Il a eu un réflexe de dignité, une sorte de va-tout, sinon ça finirait dans le sang. Je préfère la démocratie au sang", a ajouté le candidat à la présidentielle.
Pour la présidente du Front national, Marine Le Pen, cette décision est "la moindre des chose". "C'est au peuple de décider de son avenir et pas à quelques technocrates", a-t-elle estimé. "C'est peut-être un moyen de sortir de l'euro. Chacun est conscient que l'euro n'est pas viable mais personne n'ose le dire. Ils attendent que la Grèce, qui a été sacrifiée sur l'autel du dogme de l'euro, ait le courage de le dire", a-t-elle poursuivi.
Le MoDem compréhensif
Du côté du MoDem, l'eurodéputé et vice-président du parti Robert Rochefort s'est montré plus nuancé. "Je comprends sa position, la situation était intenable pour monsieur Papandréou : encore 120% de PNB de dette publique, aucune perspective de relance du pays", a-t-il déclaré, sans pour autant "l'approuver".
"Nous sommes au milieu du gué puisqu'on a décidé d'écarter la faillite de la Grèce, il faut aller au bout de cette logique: que la Banque centrale européenne (BCE) annonce au plus vite qu'elle rachètera les éléments de dette souveraine de la Grèce et des autres pays de la zone euro pour éviter de créer une panique sur les marchés".
Le PS déplore la forme, "pas exemplaire"
Le porte-parole des députés socialistes, Alain Vidalies, a pour sa part défendu mercredi le Premier ministre socialiste grec tout en concédant que, dans la forme, la décision n'était pas "exemplaire". "Qu'un dirigeant consulte son peuple, c'est le b.a-ba de la démocratie car on ne va pas continuer à construire cette Europe avec des décisions qui seraient prises par une élite technocratique sans jamais aucun contrôle démocratique", a ajouté Alain Vidalies.