Depuis trois jours, Front de gauche et PS se disputent sur la question : y aura-t-il une alliance entre les deux partis pour les législatives de juin prochain ? Mercredi, le Parti socialiste a bien dû reconnaître, par la voix de son secrétaire national aux élections Christophe Borgel, "qu’il n’y avait pas encore d’accord avec Jean-Luc Mélenchon sur un éventuel découpage", mais a-t-il concédé, le parti a bien déjà "quelques idées pour quelques circonscriptions, où le FN est fort".
"Trois jours de polémique"
Cette déclaration de Christophe Borgel a surtout pour objectif de calmer le jeu après une journée de polémique : Jérôme Cahuzac, responsable des questions budgétaires dans l’équipe de Hollande, ayant mis le feu aux poudres, mardi, en assurant que "Jean-Luc Mélenchon et son parti avaient passé un accord avec le PS pour que leurs candidats aient quelques circonscriptions avec quelques espérances de gains". Jean-Luc Mélenchon l’avait alors traité de "gros menteur", lors d'un important meeting à Lille. Et avait enfoncé le clou : "Jérôme Cahuzac dit que le programme de François Hollande est à prendre ou à laisser. Très bien, on laisse"….
Alors, après ces passes d’armes, y aura-t-il un accord entre les deux partis ? "Les gauches ont une habitude de travail en commun depuis le Front populaire, François Mitterrand, Lionel Jospin", a répondu, jeudi matin sur Europe 1, le socialiste Arnaud Montebourg, laissant entendre qu’une alliance entre les deux partis est encore possible.
"Il y a en effet de grandes chances pour que les deux partis s’accordent [en vue des législatives]", explique à Europe1.fr le politologue Gérard Grunberg, directeur de recherche au CNRS, qui précise qu’au sein du Front de Gauche, tous n’ont pas les mêmes intérêts.
Les communistes tiennent à leur accord avec le PS
"Il faut bien voir la distinction entre Jean-Luc Mélenchon d’un côté et le Parti communiste français de l’autre. Pour Mélenchon, l’enjeu est surtout personnel. Il s’agit de lui et de l’élection présidentielle. Il se voit en tribun de la plèbe, comme un Maurice Thorez en 1936 et ne rêve pas forcément d’un poste", analyse Gérard Grunberg.
"Les communistes, eux, en revanche, sont dans une logique très différente : ils veulent un groupe parlementaire, voire des ministres si on écoute bien Pierre Laurent, le patron du Parti communiste français", ajoute le politologue. Et de fait, pour obtenir ce groupe à l’Assemblée, les communistes doivent s’assurer de faire élire au moins quinze députés estampillés PCF, ce qui ne pourra se faire que si les socialistes ne leur font pas concurrence dans certaines circonscriptions.
Pas d'accord, pas de groupe à l'Assemblée
Discrètement, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent tente donc d’apaiser les tensions entre Jean-Luc Mélenchon et François Hollande. Mercredi sur France Inter, il estimait ainsi que les "deux grandes forces à gauche devront discuter" de leurs "propositions" respectives et oeuvrer à une "dynamique unitaire". "Ce que nous faisons" ajoutait-il.
En somme, "les communistes sont clairement à la manœuvre pour cet accord pour les législatives. Lors de cette élection de juin, on voit d’ailleurs mal comment Jean-Luc Mélenchon pourrait faire élire des députés : ce sont les communistes qui sont déjà en place dans les circonscriptions" ,explique encore Gérard Grunberg. Le débat entre un accord Front de Gauche - PS n’en est donc qu’à son début.