Surtout ne pas froisser un si riche allié. François Hollande se rend ce week-end pour la première fois au Qatar, lui qui s’est déjà rendu en Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis. Objectif : dissiper la méfiance que suscite ce richissime émirat, investisseur boulimique sur le sol français. Comme Nicolas Sarkozy avant lui, le président français a bien conscience de l’importance d’entretenir de bonnes relations avec ce nouvel acteur majeur sur la scène diplomatico-économique.
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Quand la gauche draguait le Qatar… Non, le Qatar n’est pas "sarkozyste". La proximité de l’ancien président avec la famille royale qatarie l’a un temps laissé penser. Nicolas Sarkozy était d’ailleurs à Doha, la capitale du Qatar, il y a deux semaines. Mais, business oblige, "la continuité républicaine vue de Doha fonctionne parfaitement", juge un homme d'affaires français qui se rend régulièrement dans l'émirat. Avant même d’être élu, François Hollande - et le PS en général – avait d’ailleurs bien compris tout l’intérêt qu’il pouvait tirer d’une bonne relation.
Pendant la campagne électorale présidentielle, Laurent Fabius avait ainsi été envoyé en éclaireur, et Manuel Valls avait pris langue avec l’ambassadeur qatari à Paris. "Je connais bien Fabius, Valls, Montebourg, Moscovici, Sapin, Royal... Nous avons des rapports avec tout le spectre politique, je n’ai pas de couleur favorite", a confirmé à Rue 89 Mohamed Jaham Al-Kuwar, l’ambassadeur du Qatar en France. "Le Qatar est un pays ami de la France, c'est peut-être un ami de Nicolas Sarkozy mais c'est surtout un ami de la France", a renchéri un conseiller de François Hollande.
… et le Qatar courtisait Hollande. Au Qatar, on sait être prévoyant. Sentant le vent tourner en France, un geste avait donc été fait en direction de François Hollande. Au cas où. Ce dernier n’a jamais été, contrairement à d’autres, un grand amateur de voyages à l’étranger aux frais de la princesse. Pour "l’adoucir" avant même de faire sa connaissance, le Qatar a donc eu une idée : sauver une entreprise en difficulté, Le Tanneur, où travaillent 300 salariés. Quelque 17 millions d’euros ont été investis dans cette optique, en 2011. Pourquoi cette entreprise ? Parce qu’elle est l’une des plus importantes en Corrèze, le fief de François Hollande…
Le Qatar, un allié diplomatique. Petite presqu'île de 160 km de longueur et 80 km de largeur, le Qatar s’est pourtant imposé depuis quelques années comme un acteur de poids sur la scène diplomatique. Quand les infirmières bulgares sont libérées, qui Nicolas Sarkozy remercie-t-il en premier ? Le Qatar. Quand la France achète (beaucoup) trop de vaccins contre la grippe A (94 millions de doses), qui lui rachète une partie de son stock ? Le Qatar. Incontournable, ou presque.
Dès 2006, François Hollande avait bien compris cet état de fait, déclarant que la diplomatie du "Qatar va plutôt dans le sens de la stabilité et de la recherche de la paix" :
Le Qatar est aussi très actif dans le dossier syrien. Les ministres des Affaires étrangères du groupe des "Amis de la Syrie" se réuniront d’ailleurs samedi à Doha pour discuter des moyens d'apporter un soutien concret à l'opposition syrienne. Dès le mois d’août 2012, le président français avait reçu à l’Elysée l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani pour parler de la situation à Damas. Il en fera de même ce week end.
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Et un partenaire économique de poids. S'il souhaite se démarquer de la "diplomatie de contrat", François Hollande ne veut pas pour autant s’assoir sur des dizaines de milliards d’euros potentiels. Raison pour laquelle il emmènera avec lui une importante délégation de patrons français, charge à eux de profiter des grands appels d'offres dans le cadre de la Coupe du monde de football qu'organisera la Qatar en 2022. La mère des batailles pour la France reste néanmoins le contrat pour renouveler la flotte de l'armée de l'air du Qatar, à laquelle l'avionneur Dassault aimerait vendre son Rafale (photo).
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Autre ambition présidentielle : boucler le futur fonds d'investissement franco-qatari. Il y a un an, l’émirat créait la polémique en annonçant vouloir investir dans les banlieues, un projet qui avait été assimilé par certains à une volonté de les islamiser. Pour rassurer, François Hollande devrait confirmer que l'aide à destination des banlieues prendra finalement la forme d'un fonds co-financé à 50% par la Caisse des dépôts. Il sera destiné aux PME, plutôt qu'à une zone géographique ou un public déterminé.