"Je ne suis pas anti-Sarkozy. J'ai de l'amitié pour lui. Je me considère dans la majorité, mais avec ma liberté de parole". L'ex-Premier ministre Alain Juppé tient à cultiver sa différence au sein de la majorité.
Dans un entretien accordé au journal Le Monde de dimanche, il dresse l’inventaire de l’action du gouvernement, regrette le style présidentiel et réaffirme être prêt à présenter, le cas échéant, une "offre" alternative pour 2012.
"Je ne crois pas à la rupture"
Le maire UMP de Bordeaux n'a "jamais cru à la rupture" chère au chef de l'Etat et se revendique toujours de "la fibre gaullo-chiraquienne". Et Alain Juppé d’évoquer "le rythme des réformes" : "On ne peut pas tout faire en même temps en bousculant trop d'habitudes à la fois et en coalisant trop de mécontentements".
Interrogé sur les difficultés actuelles du chef de l'Etat, Alain Juppé ironise: "après la sarkofolie, la sarkophobie". S'il faut "relativiser les mouvements d'opinion", "une partie du désamour est incontestablement liée au style".
"Adapter" le bouclier fiscal
Alain Juppé remet en cause le bouclier fiscal et "ne digère pas" "le triomphe de la cupidité". Il "conseille" donc à Nicolas Sarkozy "d'adapter" le bouclier fiscal : "Il semble qu'il en ait l'intention puisqu'il vient d'annoncer un prélèvement spécifique sur une catégorie de la population. Attendons de voir ce que cela signifie précisément".
Il propose également "une tranche d'impôt sur le revenu de 50%, qui s'applique non pas comme d'habitude aux classes moyennes mais aux très hauts revenus" et estime qu'il faut "peut-être aussi envisager une exonération de la résidence principale" pour l'ISF, tout en admettant que le sujet est "casse-gueule".
L’hypothèse 2012
"Le candidat naturel de la droite, en 2012, c'est Nicolas Sarkozy. Mais s'il advenait qu'il décide de ne pas se représenter, l'UMP devra organiser des primaires. Dans ce cas, j'envisagerai de concourir", réaffirme Alain Juppé. Ce dernier a d’ailleurs récemment annoncé la création d'un "think tank" politique, explique qu'il va préciser son "offre autour de deux ou trois sujets qui (lui) tiennent à cœur".
Puis le maire de Bordeaux conclue : "Il faut que l'UMP évolue, revienne vers sa philosophie première, un rassemblement de sensibilités différentes qui puissent s'exprimer librement", regrettant au passage "l'erreur" de ne pas être allé "plus loin" en 2004 dans "la reconnaissance des courants".
- Alain Juppé ferait-il un bon candidat en 2012 ?