Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac et Dominique de Villepin doivent être auditionnés par le juge en charge de l'enquête sur l'attentat de Karachi en 2002. C’est ce que demandent les familles des victimes au lendemain de la révélation des propos de Charles Millon devant le juge Renaud Van Ruymbeke.
Les rétrocommissions liées à l’attentat ?
L’ancien ministre de la Défense a fait allusion, devant le juge le 15 novembre, à des rétrocommissions. Elles auraient été destinées au financement de la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur et dont le porte-parole était Nicolas Sarkozy.
En 1995, Charles Millon, à l’époque ministre de la Défense, a expliqué avoir été chargé par le président Jacques Chirac de mettre fin aux versements de commissions sur certains contrats d'armement. A cette époque, Dominique de Villepin était secrétaire général de l'Elysée. Or l’attentat de Karachi – qui a fait 14 morts dont 11 Français - pourrait être lié à l'arrêt, par Jacques Chirac, du versement de commissions promises au Pakistan par le gouvernement Balladur.
"Nicolas Sarkozy comme ministre de l'Intérieur est intervenu"
"Après nous avoir abandonnés, vous nous avez oubliés, vous nous devez maintenant des explications", a affirmé jeudi matin une porte-parole des familles des victimes, Sandrine Leclerc, qui s'est adressée directement à Nicolas Sarkozy.
Maitre Morice, l'avocat des familles de victimes, s'est montré plus offensif, déclarant "qu'à l'époque le ministre du Budget était Nicolas Sarkozy et qu'il était également porte-parole (d'Edouard Balladur, ndlr) lors de la campagne présidentiel". "Jusqu'en 2006, Nicolas Sarkozy comme ministre de l'Intérieur est intervenu auprès d'un certain nombre d'émissaires pour tenter de faire étouffer le scandale", a-t-il ajouté.
Guéant dénonce une "rumeur malveillante"
Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a dénoncé "la démarche entreprise par ceux qui n'ont d'autre préoccupation que d'impliquer le chef de l'Etat, par une succession d'insinuations, dans une affaire qui ne le concerne en rien".
Selon Claude Guéant, dire que le contrat franco-pakistanais aurait "eu pour conséquence de contribuer illégalement au financement de la campagne électorale" d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole, "relève de la rumeur malveillante qui vise à jeter le discrédit sur la vie politique de notre pays."
Une audition de Sarkozy impossible ?
Le président de la République ne peut néanmoins être ni inquiété ni interrogé pendant la durée de son mandat, comme le stipule l'article 67 de la Constitution française. A l'instar de Jacques Chirac, le président peut en revanche être rattrapé par la justice à l'issue de son mandat.
Des magistrats peuvent mettre de côté leurs soupçons jusqu'à la fin de son mandat, pour ensuite rouvrir le dossier lorsqu'il redevient simple citoyen. Nicolas Sarkozy pourrait donc être amené à témoigner, mais à partir de 2012, voire 2017 en cas de réélection.