L'UMP et l'argent, nouvel épisode. Le groupe parlementaire UMP a prêté à son parti 3 millions d'euros tirés de sa dotation à l'Assemblée nationale, peu après les élections législatives de 2012, a indiqué samedi soir à l'AFP son président Christian Jacob, confirmant une information de Mediapart.
Un prêt en toute discrétion. "Au lendemain des élections législatives, en attendant la dotation de l'Etat, le parti avait un trou de trésorerie et comme les finances du groupe le permettaient, on a fait un prêt de 3 millions d'euros au parti, avec une convention, un échéancier, un taux d'intérêt", a expliqué Christian Jacob. Le chef du groupe parlementaire, proche de Jean-François Copé qui vient de quitter la présidence de l'UMP à la suite de l'affaire Bygmalion, a également confirmé qu'il n'avait pas informé les autres députés UMP de l'existence de ce prêt, qui est "complètement" légal selon lui : "je ne vois pas ce qu'il y a d'illégal là-dedans".
Cette pratique avait-elle déjà été utilisée? "Depuis que je suis président non, avant honnêtement je ne sais pas. J'imagine que cela a été fait par le passé", a répondu Christian Jacob, qui a succédé en 2010 à Jean-François Copé comme chef de file des députés UMP. A l'heure actuelle, environ 540.000 euros ont été remboursés par l'UMP au groupe, toujours selon le chef de file des députés UMP.
Bartolone veut resserrer les vis. A la suite de ces révélations, le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone a annoncé dans un communiqué une prochaine révision des statuts des groupes parlementaires "pour permettre l'exercice d'un contrôle sur l'utilisation qu'ils font des dotations qui leur sont versées". Ceux-ci sont tirés du budget de l'Assemblée nationale, et donc de fonds publics, pour un montant de 10,1 millions d'euros au total en 2014, "pour leur permettre de disposer de personnels et d'organiser leurs travaux", a rappelé M. Bartolone.
"La mise en cause par la presse de l'utilisation des fonds de certains groupes politiques, d'abord au Sénat et aujourd'hui à l'Assemblée, conduit à revoir le statut des groupes pour permettre l'exercice d'un contrôle sur l'utilisation qu'ils font des dotations qui leur sont versées", a-t-il indiqué. Ce dernier a "demandé aux questeurs d'engager un travail et de formler pour la prochaine session des propositions pour modifier la réglementation actuelle dans un souci de moralisation et de transparence", pour une mise en place pour le budget 2015.
L'UMP empêtrée dans les affaires. Cette nouvelle révélation intervient alors que l'UMP est déjà embourbée dans l'affaire Bygmalion, qui de premières accusations de surfacturation s'est réorientée vers les soupçons de financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, via un système de fausses factures. Ce dossier, qui a jeté une ombre sur l'éventuel retour en politique de l'ancien président de la République, a également entraîné le débarquement de Jean-François Copé de la tête de l'UMP.
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