L’audit financier a donc confirmé la dette abyssale de l’UMP, lors d’un bureau politique qui restera gravé dans les mémoires. Et selon les informations d'Europe 1, le parti va devoir diligenter une enquête interne pour connaître l’origine des fuites sur les comptes de l’UMP.
Le principe a été acté hier soir. C’est Xavier Bertrand qui a posé la question directement : "qui est à l’origine des fuites, du recel de documents publiés dans la presse ?" Comme le dit un des participants : l’ambiance était "glaciale", car l’ancien secrétaire général de l’UMP (qui n’a pas digéré de devoir présenter les factures de son réveillon à Center Parc) est persuadé que la presse a eu a disposition la liste complète des salaires des collaborateurs de l’UMP.
Raffarin dénonce une "manipulation orchestrée". Alain Juppé a d’abord répondu que ce n’était pas nécessaire d’en rajouter, de chercher des coupables. Mais Jean-François Copé, très remonté par les révélations sur le prix des billets d’avion payés pour sa femme, a dénoncé "ceux qui parlent de mafias et qui passent leur temps à nous fracasser". Dans son viseur : François Fillon, qui n’a pas dit un mot de la soirée. Comme souvent, le mot de la fin est revenu à Jean-Pierre Raffarin, qui a conclu en parlant de "manipulation orchestrée" et a réclamé lui aussi un travail en interne pour connaître l’origine des fuites.
"Il faut en finir avec cette clique". En même temps, ces fuites dans la presse en disent long sur la gestion de l’UMP. On apprend notamment, dans le Canard enchaîné, que 10.000 euros de factures de téléphone ont été remboursés à Rachida Dati. Et ce n’est pas fini. Mardi matin, les députés ont ainsi appris que le groupe UMP avait facturé 10.000 euros par mois à la société de Bastien Millot, BM consulting, la réalisation d’un rapport de mi-mandat fin 2014, censé leur donner des éléments de réflexion. À l'heure actuelle, 80 % de la somme a déjà été payée.
"Ils se sont servis sur la bête". Les parlementaires, ulcérés, ont expliqué qu’ils ne voulaient pas de ce rapport, et ont réclamé que l’entreprise rende l’argent. Un achoppement de plus qui traduit encore une incroyable légèreté sur les dépenses. Un cador dégouté par ces révélations en cascades lâchait mardi soir : "Il faut en finir avec cette clique, ils se sont servis sur la bête en toute impunité pendant trop longtemps".
Comment s'est terminé le bureau politique ? Mardi soir, le triumvirat n’aura pas réussi à ramener la paix. L’idée de changer de nom de parti, de solder le passé en construisant autre chose, fait son chemin, tellement l’horizon semble bouché. Le parti, on le sait depuis mardi, est viable financièrement. Mais moralement et politiquement, la marque UMP est aujourd’hui définitivement salie.
LE CHIFFRE - Une dette abyssale de 74,5 millions pour l'UMP
PROPOSITIONS - Parti de la liberté, CEP ou MDR... comment rebaptiser l'UMP ?
L'INFO POL - Non, l'audit de l'UMP ne parle pas de la femme de Copé
MALAISE - Salaires, billets d’avion… le train de vie de l’UMP épinglé par un audit