Le Pen, un compte en Suisse ? Le parquet se saisit du dossier

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et Louis Hausalter avec AFP , modifié à
SOUPÇONS - Selon Mediapart, le président d’honneur du Front national aurait caché plus de 2 millions d’euros via son majordome.

Les mauvaises nouvelles se bousculent au Front national. Alors que le bureau exécutif du FN tranchera l'avenir du président la semaine prochaine, les révélations de Mediapart vont sans doute remuer encore le parti d’extrême-droite. Jean-Marie Le Pen aurait placé de l'argent en Suisse par le biais d'un "trust" (société de gestion patrimoniale, ndlr) géré par Gérald Gérin, l'un de ses proches collaborateurs et trésorier de son association de financement Cotelec.

1,7 million en lingots et pièces d’or. Selon Mediapart, le cofondateur du Front national a déposé 2,2 millions d'euros, dont 1,7 million en lingots et pièces d'or, à la banque HSBC puis l'a transféré en 2014 à la Compagnie bancaire helvétique (CBH) aux Bahamas. Le parquet de Nanterre a reçu ces éléments du service antiblanchiment Tracfin, alors qu'une enquête préliminaire est ouverte à Paris depuis fin 2013 sur le patrimoine de Jean-Marie Le Pen. Un courrier daté de 2008, dans lequel Gérald Gérin reconnaît être l'ayant droit du trust, aurait été communiqué à la justice.

Un signalement a bien été reçu. Le parquet de Nanterre a confirmé mardi avoir reçu la veille un signalement de Tracfin concernant ces soupçons. "Ce signalement va être étudié par la procureure Catherine Denis et la division financière pour décider des suites judiciaires à lui donner", a fait savoir le parquet, sans toutefois confirmer les détails et les montants évoqués par le site d'information en ligne.

Qui est ce majordome ? Élu au conseil régional Provence-Alpes Côte d'Azur (Paca) en 2010, l'homme au cœur de l'affaire, Gérald Gérin a été l'assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen avant de devenir celui de la députée européenne Marie-Christine Arnautu. Agé de 41 ans, il est aujourd’hui le trésorier des associations de financement Cotelec et Promelec, chargées d’entretenir l’image du président d’honneur du Front national.

Le Pen dénonce "des organes para-policiers". Interrogé mardi sur France Inter, Jean-Marie Le Pen a évacué le sujet. "Ça fait partie de l'offensive générale lancée contre nous", a déclaré le fondateur du FN. "Je ne suis pas tenu de m'expliquer sur ce que dit n'importe qui, en particulier des organes para-policiers chargés de semer la perturbation dans la classe politique" a ajouté l'eurodéputé. "C'est comme ça qu'ils gagnent leur croûte. Ils manient le scandale, le 'on dit'". De son côté, Gérald Gérin a nié auprès de Mediapart être l'ayant-droit du compte, mais il a indiqué qu'il allait "demander des explications" au fondateur du parti.

Le FN déjà visé par une enquête. Le Front national fait actuellement l'objet d'une double enquête sur son financement. Les juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi ont ainsi mis en examen six personnes, prestataires du FN et responsables du micro-parti de la présidente du FN Marine Le Pen, "Jeanne". Parallèlement, la Brigade financière épluche le patrimoine de Jean-Marie Le Pen depuis fin 2013 à la suite d'un signalement de l'ex-Commission pour la transparence financière de la vie politique. La commission avait évalué l'enrichissement personnel du fondateur du FN à 1.127.000 euros sur la période 2004-2009. Un montant jugé suspect au regard de ses revenus de député européen…

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