Ici, pas d’ambiance "survoltée", ni de "tonnerre d’applaudissements", pas "de coups de sifflets", ni de supporters agitant compulsivement des drapeaux aux couleurs de leur champion. Ici, les militants sont assis, applaudissent et rient de façon mesurée. Au grand maximum, ils brandissent une pancarte. Bienvenue au meeting "normal" du "candidat normal".
Lundi soir, François Hollande s’exprimait devant plus d'un millier de personnes réunies au Trianon, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Mais, si la salle était archicomble - 200 personnes sont même restées sur le trottoir -, l’ambiance, elle, est restée sage, bien différente de celle survoltée, qui avait accueilli deux soirs plus tôt Ségolène Royal à Montreuil, près de Paris.
Des militants qui se disent "plus éduqués"
"Comparaison n’est pas raison. Nous sommes aussi convaincus des chances de notre candidat. Mais, c’est un autre style. Avec peut-être plus de hauteur", lance François, supporter de 32 ans de l’autre François. Une théorie partagée par Michèle : "les militants proches de Hollande sont un peu plus éduqués politiquement", assène-t-elle.
La militante de longue date reconnaît toutefois que François Hollande n’était pas son premier choix. "J’avais soutenu Dominique Strauss-Kahn. Aujourd’hui, François Hollande est le plus proche de ces idées sociales-démocrates. Il sait écouter, il est sympathique. En plus, Martine Aubry, elle… Elle rebute un peu l’opinion". Quant à Ségolène Royal ? "Eh bien, je n’ai jamais été ségolèniste !", s’empresse-t-elle de préciser.
Michèle admet également qu’un François Hollande - qui dit lui-même vouloir incarner un "président normal" - "n’a pas la stature d’un François Mitterrand ou d’un Michel Rocard. Mais, c’est la classe politique dans son ensemble qui manque de grands hommes", estime-t-elle.
Un favori de substitution ?
Les meetings de François Hollande seraient donc moins passionnés, parce qu’il est un candidat de substitution ? "Absolument pas", veut croire Léa, militante de 20 ans. "Moi, cela fait deux ans que je pense qu’il ferait un bon candidat. L’arrivée des strauss-kahniens fait du bien", mais un noyau dur était présent avant, raconte-t-elle.
Les vivats, les "Hollande président" scandés toutes les deux minutes, "cela n’est tout simplement pas notre style", se défend Patrick, 26 ans. "Nous sommes venus écouter un candidat sérieux, rigoureux", poursuit-il, opposant le style de la réunion du jour au "bling-bling" des meetings de Nicolas Sarkozy.
"C’est le style Hollande"
"Ce style sobre, c’est François Hollande qui le suscite. C’est tout simplement conforme à sa manière de faire de la politique, d’écouter, de rassembler", milite Annick Lepetit. L’élue de Paris fait partie du comité de soutien parisien de François Hollande qui a organisé le meeting du Trianon. "Moi, j’ai trouvé la salle très attentive. L’heure est grave et les gens sont venus, ce soir, trouver des réponses aux questions qu’ils se posent (…). Et puis la campagne ne fait que commencer, elle va prendre encore de l’ampleur", promet-elle.
"Evidemment qu’il va monter en puissance", embraye encore François avant de poursuivre : "Regardez comme la stature de Hollande a changé depuis six mois". Bref, à les croire, les prochains meetings du "candidat normal" pourraient être un peu moins... "normaux".