Le nouveau premier secrétaire Cambadélis va-t-il susciter plus de Désir au PS ?

© MAXPPP
  • Copié
Fabienne Cosnay , modifié à
LE NOUVEAU PATRON - Jean-Christophe Cambadélis a été élu premier secrétaire du PS avec 67,12% des voix.

"Premier secrétaire du PS, c'est le job le plus difficile car le plus contraint quand la gauche est au pouvoir". Jean Christophe Cambadélis, qui s'était vu préférer Harlem Désir en octobre 2012, avait alors fait cette confidence au Monde. Un remaniement et un "grand chamboule-tout" plus tard, "Camba" accède enfin au poste de numéro un dont il a toujours rêvé. Il a été élu mardi soir premier secrétaire avec 67,12% des voix du conseil national face à Sylvain Mathieu, candidat de l'aile gauche déclaré à la dernière minute, qui a obtenu 32,88% des suffrages.

>> A-t-il les qualités pour faire ce job qu'il jugeait lui-même "difficile" ? Éléments de réponse.

Sa personnalité : habile, fin manœuvrier. A 62 ans, l'ancien bras droit de Dominique Strauss Kahn est d'abord perçu, au sein du PS, comme une personnalité habile, fin manœuvrier. "Sa grande force est qu'il est capable de penser le récit de ce que l'on veut réaliser. Il pense le monde de façon globale", assure à l'AFP un parlementaire socialiste qui le connaît bien. "C'est quelqu'un qui aime la politique et qui en fait", poursuit un ex-strauss-kahnien. "C'est un homme de coups", résumait encore récemment une élue socialiste interrogée par l'AFP. "Camba a bien joué depuis deux ans, il s'est posé en premier secrétaire bis pour finir par s'imposer en premier secrétaire tout court", fait remarquer au Monde un cadre du PS. "Il a su louvoyer", résume le politologue spécialiste du PS Rémi Lefebvre, interrogé par Europe 1.

Sa carte-maîtresse : sa parfaite connaissance du parti.  "Camba" a adhéré au PS en 1986 emmenant avec lui nombre de ses amis trotskistes, ce qui lui vaudra de gravir rapidement les échelons de la hiérarchie au PS. Solférino n'a donc plus de secret pour lui. Le député de Paris connaît la boutique par coeur. "Il a une parfaite connaissance de l'appareil, des arcanes du Parti socialiste", rappelle Rémi Lefebvre.

Son défi : rassembler la gauche. Jean-Christophe Cambadélis, instigateur de la "gauche plurielle", du nom de l'alliance de la gauche de 1997 à 2002 sous le gouvernement de Lionel Jospin, entend renouer les liens avec les anciens partenaires du PS. "Il faut à nouveau se parler pour pouvoir converger", a expliqué le député de Paris au Monde, se donnant comme défi de "rassembler la gauche et les écologistes". "Ce qui est assez précieux dans le cadre des futures élections", souligne Rémi Lefebvre.

hollande-valls

Sa marge de manœuvre ? Forcément limitée. Jean-Christophe Cambadélis aura la délicate mission de redresser le PS, tiraillé entre ses différents courants et récemment qualifié de "parc à moutons" par Henri Emmanuelli, lui-même ancien premier secrétaire du PS. "Camba" qui a toujours revendiqué une parole libre, va devoir apprendre à concilier. S'il n'a pas le profil d'un Premier secrétaire fantôme comme l'a été Harlem Désir, Jean-Christophe Cambadélis va devoir construire "une marge d'autonomie conciliable avec la politique gouvernementale, qui, d'ailleurs, n'est jamais à débattre", souligne le politologue spécialiste du PS Rémi Lefebvre. "Il n'est jamais facile d'être Premier secrétaire du PS, encore moins quand le parti est au pouvoir et encore moins quand le parti au pouvoir est aussi impopulaire", conclut le politologue Arnaud Mercier.

 

sujet

L'AVEU - Cambadélis admet qu'Harlem Désir "n'a pas réussi"

REACTIONS - Désir, "une exfiltration calamiteuse"

PORTRAIT - Cambadélis, "un homme de coups" à la tête du PS ?

RAPPEL - Avec Cambadélis, ça défouraille