L'INFO. Ils sont allés chercher leurs informations directement à la source. Le président UMP de la Commission des Finances de l'Assemblée, Gilles Carrez, et celui de la Commission des Finances du Sénat, Philippe Marini, se sont rendus jeudi soir à Bercy, pour obtenir des informations sur le dossier Cahuzac, après les révélations de Valeurs actuelles sur le ministre de l'Economie Pierre Moscovici. Verdict : "on nous a donné des réponses très cohérentes mais peu convaincantes", a tranché Philippe Marini, à sa sortie du ministère.
Pourquoi ils y sont allés. Les deux élus avaient pris cette décision le matin même, après la publication d'un article de Valeurs actuelles. L'hebdomadaire de droite soupçonne en effet Pierre Moscovici d'avoir su, dès décembre, que l'ex-ministre du Budget possédait un compte en Suisse. Le patron de Bercy aurait, aux dires du journal, diligenté une "enquête secrète" le 7 décembre, qui lui aurait révélé la vérité quelques semaines plus tard. A-t-il donc caché des informations ? Le ministre de l’Économie dément formellement les informations du journal, mais les deux parlementaires ont voulu vérifier par eux-mêmes.
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Une "enquête secrète peu probable"… Gilles Carrez et Philippe Marini ont jugé "peu probable" que Bercy ait diligenté une mission secrète en Suisse pour enquêter sur Jérôme Cahuzac avant décembre. "Il est peu probable qu'une mission ait été diligentée en Suisse, je n'y crois pas", a reconnu Philippe Marini devant la presse. Ils rejoignent ainsi les versions de Pierre Moscovici et du patron du fisc, Bruno Bézard qui nient en bloc l'existence d'une telle enquête. "Maintenant, est-ce qu'il y a eu des échanges préalables, des consultations, des coups de téléphone entre responsables fiscaux suisses et français avant l'envoi de la demande officielle, le 24 janvier ? Je pense invraisemblable qu'il n'y ait pas eu des contacts préalables", a toutefois ajouté Philippe Marini.
.. Mais "des arguments peu convaincants". "On nous a donné des réponses très cohérentes mais peu convaincantes", a toutefois regretté le sénateur Philippe Marini, à sa sortie du ministère de l'Economie. Les deux élus ont estimé que Pierre Moscovici n'avait pas suffisamment incité Jérôme Cahuzac, "qui a gagné du temps", à actionner sans attendre la demande d'entraide fiscale avec la Suisse, finalement effectuée le 24 janvier. Ils ont précisé avoir demandé communication de toute une série de documents leur permettant un examen plus approfondi.
Moscovici va porter plainte. "Je retiens qu'ils n'ont trouvé aucun élément qui venait confirmer les allégations mensongères de Valeurs actuelles", a réagi Pierre Moscovici après la visite des deux parlementaires. Il a annoncé dans la foulée le dépôt d'une plainte en diffamation contre l'hebdomadaire de droite. "L'administration fiscale n'a jamais diligenté, contrairement aux affirmations mensongères de Valeurs actuelles, de 'vérification en terre helvétique', ni a fortiori de 'mission secrète'", avait déjà réagi le ministre dans un communiqué un peu plus tôt.