L'INFO. Il est l'un des plus proches conseillers politiques de François Hollande. Aquilino Morelle, chef du pôle communication de l'Elysée, a démenti jeudi tout "conflit d'intérêts" après avoir été mis en cause par Mediapart dans une longue enquête intitulée "Les folies du conseiller de François Hollande". Le site d'information, dans un sujet diffusé jeudi, dénonce les relations d'Aquilino Morelle avec l'industrie pharmaceutique alors qu'il était rattaché à l'IGAS (l'inspection générale des affaires sociales) le grand corps de l'Etat qui supervise les politiques sanitaires et sociales.
Son "droit de réponse". Dans un long texte, intitulé "droit de réponse", adressé au site Mediapart et publié sur sa page Facebook, le conseiller politique de François Hollande tente d'éteindre la polémique. "Je suis suffisamment au fait de la vie politique pour ne pas m’émouvoir de la charge dont je viens d’être l’objet", écrit le conseiller du chef de l'Etat, tout en justifiant son activité de quelques mois auprès du laboratoire Lundbeck en 2007. "A aucun moment je n'ai été en situation de conflit d'intérêts", affirme Aquilino Morelle.
> L'accusation : ses relations avec le labo Lundbeck. En 2007, parallèlement à la rédaction d'un rapport pour l'IGAS sur "l'encadrement des programmes d'accompagnement des patients associés à un traitement médicamenteux, financés par les entreprises pharmaceutiques", Aquilino Morelle travaille pour un laboratoire danois, Lundbeck. "Il m'a dit qu'il cherchait à travailler pour l'industrie pharmaceutique, qu'il avait du temps libre, que son travail à l'IGAS ne lui prenait que deux jours sur cinq, ce qui m'a semblé bizarre", raconte à Mediapart un ancien dirigeant de Lundbeck. A l'époque, selon le site d'informations, Aquilino Morelle aurait finalement organisé pour le compte du laboratoire deux rendez-vous avec les membres du comité économique des produits de santé, qui fixent le prix des médicaments.
> La réponse d'Aquilino Morelle. "En tant que fonctionnaire, un certain nombre d’activités annexes sont autorisées par la loi, dont l’enseignement et le conseil", écrit Aquilino Morel sur sa page Facebook (…) C’est aussi dans ce cadre que j’ai accepté le contrat ponctuel avec le laboratoire Lündbeck (15 octobre / 31 décembre 2007). Ce fut le second et dernier contrat de cette activité de conseil", ajoute le conseiller de François Hollande, qui a été rémunéré 12.500 euros pour ce "ménage".
> Ce qui reste à éclaircir. La question est de savoir si Aquilino Morelle a voulu cacher à l'IGAS cette collaboration avec le laboratoire ? Évoquant "des faits anciens et banals", Aquilino Morelle pense "avoir déclaré ces activités à l'IGAS", bien qu'il n'en ait pas "retrouvé la trace en dépit de [ses] recherches". Problème : l'Inspection générale des Affaires sanitaires n'a jamais donné une telle autorisation ; la seule que la direction de l'Igas a fourni étant une autorisation pour donner des cours à la Sorbonne. André Nutte, directeur de l'IGAS à l'époque affirme même que "ces deux fonctions sont incompatibles". "C'est comme si on accordait le droit à un directeur d'hôpital entré à l'IGAS de travailler parallèlement pour une clinique privée. Ou à un inspecteur du travail de conseiller une entreprise. Alors un laboratoire pharmaceutique…".