"Je le dis pour la énième fois". A Lille, Martine Aubry vise avec "plaisir" et "passion" un troisième et dernier mandat à la tête d'une ville qui lui semble acquise, les sondages la donnant largement devant le sénateur UMP Jean-René Lecerf. Depuis l'élection de François Hollande, la dame des 35 heures se tient à bonne distance de la politique nationale. Et assure officiellement n'avoir aucune ambition pour Matignon. "Je serai maire de Lille et présidente de la communauté urbaine", avait-elle martelé, mi-février, sur BFM-TV. "Je le dis pour la énième fois, je reste à Lille, je suis tellement heureuse de faire bouger ma ville", avait alors répété l'éternelle Premier ministrable. Mais ...
Ses réseaux s'activent. Si elle a choisi comme base de repli Lille, Martine Aubry n'a jamais oublié d'entretenir ses réseaux, au niveau national. Contrairement à Ségolène Royal, l'ancienne ministre a su garder son carré de fidèles, qui se réunit tous les mercredis matin, à Paris. En mai, elle réunira aussi son groupe de réflexion Renaissance, qui mélange politiques, intellectuels et acteurs de la société civile. En coulisses, ses proches, qui parlent avec l'assentiment de l'ancienne ministre, évoquent pour la première fois depuis la présidentielle l'hypothèse d'un retour au niveau national.
"Le tour de chauffe de Martine". "Martine va commencer un tour de chauffe, elle réfléchit maintenant à la manière dont elle pourrait être utile à la gauche", affirme l'un de ses amis. Et selon son carré de fidèles, Martine Aubry prépare déjà clairement l'après-municipales. "Dans 15 jours, c’est une autre séquence qui s’ouvre, une autre étape", explique ainsi l'un de ses proches. "Aubryste, ça veut encore dire quelque chose", renchérit un autre, qui raconte comment les déçus de François Hollande sont venus grossir les rangs du club de réflexion qu'elle lancé.
Ministre ? Pourquoi pas. La question revient comme un boomerang à chaque fois que la question du remaniement est posée. Faut-il faire entrer la populaire Martine Aubry ? En mai 2012, alors que François Hollande lui avait préféré Jean-Marc Ayrault pour Matignon, elle avait refusé tous les autres ministères qui lui avaient été proposés. Depuis, presque deux ans ont passé. Et la maire de Lille a évolué dans ses ambitions, dixit ses proches. "Ses amis racontent comment après avoir écarté l’hypothèse d’un poste de ministre, elle a fini par se dire "pourquoi pas" ? Ce qui, dans sa bouche, ressemble à un vrai pas en avant", décrypte l'éditorialiste politique d'Europe 1 Caroline Roux. Reste à savoir si François Hollande, lui, en a envie.
Lille : Aubry, une maire de "droit divin"