Alain Juppé conserve sa liberté de pensée et prend ses distances avec le gouvernement sur la sécurité. Le maire de Bordeaux a en effet commenté sur son blog les mesures sécuritaire annoncées fin juillet par le président de la République. Dans un billet intitulé Retour aux fondamentaux, il considère qu'appliquer les lois déjà votées serait peut-être déjà suffisant.
"Durcir la loi ?", s’interroge Alain Juppé, "ce peut être nécessaire. A condition que la loi nouvelle ne soit pas de pure circonstance et surtout qu’elle soit applicable et appliquée dans la durée. Je ne suis pas sûr que ce soit toujours le cas. Souvent les textes en vigueur suffiraient, s’ils étaient vraiment appliqués."
Appliquer le droit en vigueur
Le maire de Bordeaux cite notamment les propos du président du Sénat sur la déchéance de la nationalité. Gérard Larcher avait en effet posé la question : “Applique-t-on réellement le droit déjà en vigueur? L’article 25 du Code civil ne fournit-il pas déjà la réponse à la plupart des questions posées? C’est ce que nous devrons vérifier.”
Alain Juppé semble abonder dans le sens de Gérard Larcher, rappelant "cette belle maxime de Montesquieu: Quand il n’est pas nécessaire de faire une loi, il est nécessaire de ne pas en faire."
Un nouveau partisan du "droit à la nuance"
Une fois de plus, Alain Juppé marque donc sa différence et espère même "moins d’idéologie, plus de pragmatisme, des moyens suffisants, une volonté politique nationale et locale forte, la mise en réseau des tous les partenaires concernés, y compris les associations engagées dans la prévention…". Un discours qui tranche avec le "Français ou voyou, il faut choisir" de Christian Estrosi, lundi matin sur Europe 1.
La réaction d'Alain Juppé sur son blog rappelle la récente sortie d’Eric Besson, qui avait tenu à revendiquer "un droit à la nuance" sur le dossier de la déchéance de la nationalité. Rachida Dati s’est également montré sceptique sur ces annonces sécuritaires, déclarant : "Quelque chose n'a pas marché. Depuis trois ans, les atteintes aux personnes augmentent et elles sont encore plus violentes qu'avant".
Bien loin du discours des "Messieurs sécurité" de l'UMP, l'ex-Premier ministre n'affiche pas non plus une nette rupture, jugeant qu'"il y a de la démesure" dans la réaction de Michel Rocard : "lorsqu'il évoque Vichy et le nazisme, il (ndlr) perd le sens commun". Ce fameux sens commun semble, lui, évoluer au gré des sondages. 69% des Français jugent la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy "plutôt inefficace", selon un sondage CSA réalisé pour Marianne à paraître samedi.