"Je trouve très choquante l’attitude du gouvernement français". Bertrand Delanoë s’est insurgé sur Europe 1 contre la gestion de l’arrivée sur le territoire français de migrants tunisiens. Réfugiés depuis plusieurs semaines autour de la porte de la Villette ou dans le parc de Belleville, à Paris, une soixantaine d’entre eux ont été interpellés mardi soir pour "infraction à la législation sur le séjour". Ce que dénonce fortement le maire de la capitale.
"La réaction de l’Etat, c’est minable"
"Je pense que, depuis le début de cette vague d’immigration, le gouvernement français se comporte mal vis-à-vis de nos partenaires européens et vis-à-vis de ces personnes", a assuré, mercredi soir, Bertrand Delanoë. Il a indiqué avoir écrit au ministre de l’Intérieur vendredi dernier pour que soient examinés, au cas par cas, les dossiers de ces réfugiés. En vain. "N’ayant pas de réponse, j’ai décidé d’épauler mardi un certain nombre d’associations. Pour que l’on soit solidaire", a-t-il expliqué avant de déplorer que "la réaction de l’Etat, c’est d’envoyer des policiers pour les mettre en garde à vue".
"C’est minable", a commenté Bertrand Delanoë :
"Je pense que l’immigration est un sujet sérieux et qu’il faut la réguler. Il n’est pas question d’ouvrir les portes de l’Europe n’importe comment", a-t-il affirmé avant de mettre en exergue, que "quand il y a un problème particulier, on peut se montrer pragmatique, avoir des convictions et être très responsable dans la limite de l’immigration".
Les demandes de Delanoë
Au micro d’Europe 1, le maire de Paris s’est adressé directement au ministre de l’Intérieur. "Ce que je demande, c’est qu’on les remette en liberté. Mais aussi que chacune et chacun soit accueilli", a-t-il demandé. Et ce, alors que "j’ai pris, moi, des dispositions que je n’avais pas à prendre. Mais je l’ai fait pour que la France ne donne pas cette image de honte".
"Ce que je demande au gouvernement, a-t-il enfin ajouté, c’est que l’on puisse examiner chaque cas : étudier si certains doivent rester provisoirement et si d’autres doivent être accompagnés pour rentrer chez eux". Et, Bertrand Delanoë a jugé que "25.000 réfugiés pour toute l’Europe, c’est vraiment assumable".
Discuter avec la Tunisie, la solution
Comment ? Le maire de Paris a une solution. "Je propose que l’Europe, et la France notamment, propose un vrai partenariat pour épauler la démocratie tunisienne. De manière aussi économique", a expliqué Bertrand Delanoë. "D’ailleurs, Alain Juppé a fait des propositions, la semaine dernière, qui vont dans ce sens", a-t-il assuré avant d’ajouter : "si on discute avec le gouvernement tunisien, on traite avec eux notamment la question de la régulation".
Enfin, a-t-il rappelé, "en février, j’ai proposé qu’on accueille un certain nombre de jeunes diplômés tunisien pour qu’ils viennent acquérir en France une formation qualifiante et qu’ils retournent quelques mois après dans leur pays pour servir le développement de la Tunisie".