"Moi, je trouve que Marine Le Pen a beaucoup de talent". Cette phrase sort de la bouche de Nadine Morano. L’ancienne ministre UMP, en ballotage dans la cinquième circonscription de Meurthe-et-Moselle, ne l’a pas prononcée publiquement mais au téléphone avec celui qu’elle croyait être Louis Aliot, numéro 2 du Front National et compagnon de l’ancienne candidate à la présidentielle Marine Le Pen.
En réalité, elle a été prise au piège lors d’un canular téléphonique signé Gérald Dahan, devait être diffusé vendredi sur Sud Radio et dont le site du Parisien s'est procuré quelques extraits.
Ecoutez :
Lors de cette conversation téléphonique, le faux Louis Aliot propose à Nadine Morano de trouver un arrangement pour les élections législatives dans une circonscription du Gard, où un candidat du FN est en mauvaise posture. Il sollicite un retrait de l'UMP Etienne Mourrut. "Monsieur Mourrut s’est maintenu parce que François Fillon lui a demandé de le faire", explique l’ancienne ministre avant de confier à celui qu’elle croit être un des dirigeants du FN qu’elle a des "intérêts communs" avec lui. Et d’ajouter : "il y a des tas de choses sur des projets de société que je suis d’accord avec vous".
Plus tard dans la conversation, Gérald Dahan tente de convaincre Nadine Morano de parler d’avenir entre elle et le Front national. Mais l’ancienne ministre coupe court à la conversation : "écoutez, Louis Aliot, vous êtes très sympathique. Il faudrait qu'on parle de ça à un autre moment, parce que là, je suis en train de faire campagne. (...) Ils (les socialistes, ndlr) vont nous foutre dans une merde comme jamais. Parce que la droite et la gauche, ce n’est pas pareil. Ils vont nous mettre le droit de vote des étrangers. (...) J'ai pas envie que ça devienne le Liban chez moi", assure-t-elle.
Nadine Morano annonce une plainte
Vendredi matin, Nadine Morano a réagi sur Europe 1 à ce canular, accusant indirectement les socialistes "Je n’assume pas la conversation telle qu’elle a été présentée parce qu’elle a été montée, tronquée et coupée", a affirmé l'ancienne ministre. "Encore une fois, Gérald Dahan ne se comporte pas en humoriste, mais en militant socialiste. On est là avec quelqu'un qui usurpe une identité et diffuse à votre insu une conversation téléphonique", a-t-elle insisté.
"C'est un contre-feu qui a été allumé à la demande du Parti socialiste pour faire oublier la fameuse affaire du tweet (de Valérie Treiweiller, ndlr)", a-t-elle affirmé, avant d'assurer sur RTL avoir saisi son "avocat avec l'objectif de porter plainte".
Confrontée ensuite à Gérald Dahan sur Europe 1, Nadine Morano n'a pas décoléré. Elle n'a pas laissé l'humoriste parler, l'accusant plusieurs fois d'être un "menteur". De son côté, Gérald Dahan a confirmé avoir quelque peu monté la conversation pour ensuite pouvoir la diffuser à l'antenne. "J’ai enlevé les moments où elle disait 'Bonjour' à des gens ou des moment où elle me parlait de la vie privée", a-t-il expliqué.
Guaino défend Morano
Un peu plus tôt dans la matinée, Henri Guaino avait tenu à défendre l’ancienne ministre sur Europe 1, affirmant lui aussi que Marine Le Pen "a du talent". Avant de s'expliquer : "elle parle bien et elle a réussi à faire 18% à la présidentielle. (...) Ce n'est pas parce qu'on dit qu'elle a du talent qu'on est d'accord avec elle. Il y a des gens qui n'ont pas de talent avec qui je partage beaucoup de choses et d'autres qui ont plein de talent avec qui je ne partage rien", a encore assuré l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, et en campagne pour les législatives dans la troisième circonscription des Yvelines.