Municipales : à Paris, les sondages ne servent à rien

© MAXPPP
  • Copié
, modifié à
MODE D’EMPLOI - Le mode de scrutin bien particulier de la capitale rend les études d’opinion hasardeuses.

Les sondages se suivent et, dans l’ensemble, se ressemblent. A Paris, la victoire d’Anne Hidalgo face à Nathalie Kosciusko-Morizet, lors des municipales de mars 2014, est annoncée par tous les instituts, même si l’écart, dans la dernière étude de l’Ifop pour Le Figaro, tend à se resserrer. Mais de toute façon, ces sondages d’intentions de vote, plus encore que d'autres ailleurs, sont loin de prédire l’avenir. Car le mode de scrutin, dans la capitale, est différent du reste du territoire, Lyon et Marseille exceptées. A Paris, comme Bertrand Delanoë en 2001, on peut être élu maire en obtenant moins de 50% des suffrages. Et ça change tout. Explications.

Un système de grands électeurs. Contrairement à ce que laissent penser les sondages, mais aussi les campagnes de chaque candidate, les électeurs parisiens n’élisent pas directement le maire de la capitale. Ce dernier est en fait élu par le Conseil de Paris, composé de 163 membres, qui sont eux-mêmes issus des arrondissements de la capitale. Pour être élu maire, un candidat doit avoir le soutien d’au moins 82 conseillers, en fonction des résultats par arrondissement. En 2001, Bertrand Delanoë avait ainsi recueilli 49,60% des voix, mais 92 conseillers. La droite, déchirée entre Philippe Séguin et Jean Tibéri, avait regroupé 50,4% des suffrages, mais seulement 71 conseillers.

>> Bush, en 2000, vous vous souvenez ?Ce mode de scrutin rappelle furieusement celui qui a abouti, aux Etats-Unis, à l’élection du président américain. Chaque Etat élit ainsi des grands électeurs, chargé ensuite d’élire le dirigeant de la première puissance mondiale. Un système qui a permis au républicain George Bush d’être élu en 2000  avec moins de voix au niveau national que son rival démocrate Al Gore. Autrement dit, Anne Hidalgo, créditée de plus de 50% des voix dans les sondages, n’est pas pour autant certaine de l’emporter.

A chaque arrondissement ses conseillers de Paris. Dans le détail, chaque arrondissement envoie au conseil de Paris un nombre différent d’élus, selon sa démographie. Ainsi, le premier arrondissement n’envoie qu’un conseiller, quand le 15e en désigne 18. Les conseillers de Paris sont élus au suffrage universel direct. Il s’agit des candidats situés en tête des listes qui obtiennent des élus au second tour. Évidemment, la liste gagnante dans un arrondissement envoie plus de conseillers que sa rivale malheureuse.

Rappelons que le nombre de conseillers envoyés par arrondissement a été modifié par une loi d’août 2013. Par exemple, les 18e et 19e arrondissements, promis à la gauche, ont gagné chacun un conseiller de Paris, quand le 1er, en a perdu deux. Des changements qui ont fait grincer des dents à droite. Pourtant, les 15e et 17e arrondissements, traditionnellement de droite, ont également gagné des conseillers. Leur nombre total, 163, demeure en revanche inchangé.

20 arrondissements, 20 scrutins séparés. A Paris, chaque arrondissement fonctionne comme toutes les autres communes françaises de plus de 3.500 habitants. Les conseillers d’arrondissement, conseillers municipaux à la sauce parisienne, sont élus au scrutin de liste à deux tours. La liste arrivée en tête au second tour, ou majoritaire dès le premier, est assuré de remporter la moitié des sièges, l’autre moitié étant répartie en fonction des résultats. Puis le maire de chaque territoire est élu par le conseil d’arrondissement. Les conseillers d’arrondissement sont plus nombreux que les conseillers de Paris. Leur nombre est passé de 354 à 364 avec la loi d’août 2013. Et là encore, c’est la situation démographique de chaque territoire qui détermine le nombre de conseillers d’arrondissement. Cela dit, aucun arrondissement ne peut compter moins de 10 conseillers et plus de 40.

Lyon et Marseille comme Paris. La capitale n’est pas la seule à bénéficier d’un mode de scrutin particulier. Lyon et Marseille fonctionnent en effet de la même façon. Dans la capitale des Gaules, un scrutin a lieu par arrondissement, comme à Paris. Dans la cité phocéenne, des secteurs, regroupant chacun deux arrondissements, servent de base électorale. Et à chaque fois, c’est un conseil central qui élit le maire.

sur le même sujet, sujet,

REBELLES - Paris, terre de dissidence UMP

L'INFO POLITIQUE - Tous au secours du soldat NKM

INTERVIEW E1 - Tibéri : "NKM fait n'importe quoi"