"Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille". Jacques Chirac, son inventeur, n’aurait pu trouver meilleure formule pour décrire la situation traversée par le gouvernement. Europe1.fr vous raconte pourquoi.
La démission de Cahuzac. Mardi, moins de trois heures après l'annonce de l'ouverture d'une information judiciaire pour "blanchiment de fraude fiscale" à son encontre, celui qui est alors ministre du Budget démissionne de son poste, en pleines négociations pour le budget 2014. Une très mauvaise nouvelle pour François Hollande, qui avait fait de Jérôme Cahuzac un poids lourd du gouvernement. Mais au nom de la "république exemplaire" qu'il a prônée pendant sa campagne, le président ne pouvait prendre le risque de le conserver plus longtemps à ses côtés.
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Une bataille législative perdue. Si le PS claironne un peu partout que sa défaite lors de la législative partielle dans l’Oise était perdue d’avance - sociologie électorale oblige -, le verdict des urnes, dimanche dernier, a semé l’inquiétude rue de Solferino. "Ce résultat est un signal qu’il faut absolument analyser", admet ainsi dans Le Figaro Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections, quand François Kalfon, spécialiste ès sondage de la maison rose, assure que "la question du lien avec les Français est posée. C’est bien d’exister à l’International, mais il faut aussi écouter les préoccupations des Français." François Hollande, très actif sur les dossiers malien et syrien, a certainement reçu le message…
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Une absence de leader au PS. Les critiques à l’encontre d’Harlem Désir sont récurrentes. Depuis sa prise de fonction à la tête du PS, l’ancien de SOS racisme a du mal à trouver sa place. "Il ne faut pas lui faire porter tous les maux, mais il ne fait aucun doute que le PS ne contribue pas à clarifier les enjeux pour les électeurs", tacle Gaëtan Gorce, dans Le Parisien, où des ministres persiflent eux aussi : "il ne fait pas le job. Ce mezza voce du PS, ça va devenir un problème pour le président et le gouvernement."
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Des couacs en pagaille. Promis, juré, on ne les reprendra plus. Après des erreurs à la chaîne, l’exécutif avait sommé les ministres de parler d’une seule voix, et de parler uniquement sur leur sujet de compétence. Un vœu pieu. Depuis, Jean-Marc Ayrault a repris… François Hollande quant à l’utilisation des ordonnances, Victorin Lurel a encensé Hugo Chavez, Delphine Batho et Cécile Duflot se sont opposées à Arnaud Montebourg sur la fiscalisation du diesel, Dominique Bertinotti a été désavouée par son Premier ministre sur la PMA. Et, surtout, Kader Arif a annoncé la (fausse) libération des otages français au Cameroun.
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Une ennemie de l’intérieur ? L’expression est forte, mais l’ombre de Martine Aubry plane bel et bien au dessus du gouvernement. Cadre du parti, la maire de Lille est pour le moment en stand by à Lille, mais rêve sans le dire de Matignon. Elle s’y prépare, et n’hésite pas à adresser quelques banderilles à ses "camarades" quand elle le peut. Vincent Peillon, qui l’a entendu annoncer le report de l’application de sa réforme en 2014, peut en témoigner. On en oublierait presque Ségolène Royal, qui trépigne elle aussi…
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Une impopularité grandissante. Les sondages se suivent et se ressemblent pour les deux têtes de l’exécutif. Dans la dernière enquête BVA-Orange pour L'Express, la presse régionale et France Inter, diffusée lundi, la cote de popularité de François Hollande chute de huit points en mars, à 35% d'opinions positives, tandis que Jean-Marc Ayrault perd quatre points (34%). S’il n’en dit rien, François Hollande est fortement préoccupé par l’incompréhension des Français. Pour y remédier, il a demandé à ses équipes de lui organiser des tournées en province pour renouer le contact. Mais son premier déplacement, à Dijon, a été un échec…
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Une situation économique qui se dégrade. Le chômage augmente, la croissance est nulle et l’OCDE a confirmé, mardi, que le déficit public de la France serait bien au dessus (3,5%) des 3% promis par François Hollande. En trois mots : ça va mal. Les réformes structurelles sont pour le moment repoussées aux calendes grecques, et celles déjà engagées n’ont pas encore porté leurs fruits.
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Des alliés qui grondent. "Un désastre" qui sanctionne "l’échec social et politique" du gouvernement. Voilà comment Pierre Laurent, patron de communistes, interprète la défaite dans l’Oise. Jean-Luc Mélenchon, son allié du Front de gauche, est plus virulent encore. Pas un jour ne passe sans que le tribun ne tape sur le gouvernement : sur la Syrie, sur l’honneur rendu au pape, sur la loi d’amnistie sociale et plus globalement sur la politique "austéritaire" menée par le gouvernement. Heureusement pour la majorité que les écologistes se tiennent à carreau en raison des municipales à venir…
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