L’INFO. "Il n'y a pas de place dans la République pour la race. Et c'est pourquoi je demanderai au lendemain de la présidentielle au Parlement de supprimer le mot "race" de notre Constitution." Cette promesse du candidat Hollande date du 10 mars 2012. François Hollande voulait marquer de son empreinte la constitution de la Ve République. Ce sera finalement une petite empreinte… La suppression du mot "race" n’était en effet pas prévue non plus dans le projet de révision constitutionnelle présenté mercredi en Conseil des ministres.
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La version officielle. Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a été chargée de justifier ce renoncement lors de son traditionnel point-presse post Conseil des ministres. Le droit de vote des étrangers aux élections locales ? Oublié. La réforme du statut pénal du chef de l’Etat ? Oublié. Et ce n'est pas fini. D’après la ministre du Droit des femmes, la suppression du mot "race" est certes "un engagement symbolique et attendu", mais son heure n’est pas encore venue. "Nous avons voulu présenter un ensemble cohérent", a-t-elle argumenté pour justifier pourquoi seulement quatre projets de lois ont été présentés mercredi. Mais, la ministre l’assure, "nous concrétiserons" cette promesse. "Nous le ferons plus tard, il y a d’autres priorités", estime de son côté le député PS de l’Ardèche, Olivier Dussopt, joint par Europe1.fr
La version officieuse. Comme pour le droit de vote des étrangers, certains proches du président sont très sceptiques quant aux chances de parvenir à réunir une majorité des 3/5 au Congrès, condition sine qua none pour modifier la Constitution. Si certains doutent, d’autres en sont certains : "on peut monter sur les estrades, agiter les mains, sautiller sur nos convictions, mais ça ne passera pas. Or on ne veut pas instrumentaliser ces choses là pour des questions de communication politique", a expliqué Razzy Hammadi au micro d’Europe 1. D’autant qu’un échec serait désastreux dans un contexte déjà plombé par l’impopularité du président.
Des socialistes déçus, mais pas abattus. Najat Vallaud-Belkacem a eu beau assurer que c’était reculer pour mieux sauter, certains, au sein même du gouvernement, font malgré tout grise mine. C’est notamment le cas de George-Pau Langevin, ministre déléguée à l’Education, très déçue à la sortie du Conseil des ministres. "Je ne désespère pas qu’un jour nous parviendrons à convaincre que c’est un vrai progrès que de ne pas accepter ce mot dans notre Constitution. Il me semble qu’il y a un certain nombre de promesses de François Hollande qui pour l’instant ne sont pas réalisables mais il faut que l’on continue notre travail de conviction."
Un raisonnement partagé par Razzy Hammadi, élu de Seine-Saint-Denis, qui se veut plus volontariste encore : "les Français ne nous en voudraient pas de ne pas avoir fait, mais de ne pas avoir essayé donc il faut essayer, que ce soit sur le terme de race ou sur le droit de vote des étrangers." Essayer, mais comment ? De toute façon, il faudra en passer par le Parlement afin qu’il y ait un vote majoritaire à l’Assemblée et au Sénat afin de mettre la droite devant ses responsabilités." A droite justement, on se frotte les mains. Pendant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy avait en effet estimé qu'avec cette proposition "le ridicule dépasse les bornes".