Nicolas Sarkozy se refuse à tout pronostic pour les élections départementales. Mais à l'UMP, on voit déjà une vague bleue submerger la carte de France à l'issue du second tour, le 29 mars. La droite, qui contrôle aujourd'hui 40 départements - contre 61 pour la gauche -, espère bien renverser la tendance. Son objectif, c'est donc la conquête d'au moins une vingtaine de conseils départementaux, même si certains à l'UMP se prennent à rêver d'encore mieux.
Dans tous les cas, rue de Vaugirard, on pronostique "un effondrement du Parti socialiste dès le premier tour", comme l'assure à Europe 1 le sénateur Eric Doligé, coordinateur des départementales à l'UMP. Celui qui préside aussi le conseil général du Loiret estime que le PS sera absent du second tour dans environ la moitié des cantons.
L'inconnue du score du FN. Le problème, c'est que cette victoire qui tend les bras à l'UMP risque d'être assombrie par le carton annoncé du Front national. Première inconnue pour la droite : son score global, qui risque d'être dépassé par celui du FN. Selon un sondage Ifop pour Europe 1 et Le Figaro, le parti de Marine Le Pen devance d'un rien celui de Nicolas Sarkozy dans les intentions de vote (30% contre 29%). Si cette prévision se confirme dimanche, au soir du premier tour, la présidente du FN aura beau jeu de se proclamer à nouveau "premier parti de France", au grand dam d'une UMP reléguée en deuxième position.
C'est tout le paradoxe de cette élection. Même si le FN venait à rassembler le plus de suffrages, il lui sera "très difficile" de conquérir ne serait-ce qu'un département, comme l'a admis Marine Le Pen, vendredi sur Europe 1. Un effet du mode de scrutin et du "front républicain" : dans les cantons où le FN affrontera l'UMP au second tour, le candidat de droite devrait bénéficier de reports de voix venant de la gauche pour faire barrage aux frontistes.
Duels PS/FN, vers un nouveau psychodrame ? Autre danger pour l'UMP, un entre-deux-tours qui s'annonce mouvementé si le parti venait à se déchirer sur une question délicate : que faire face aux inévitables duels PS/FN au second tour ? "On peut penser que ça concernera 300 à 400 cantons, où le PS reste très fort et conservera ses départements", estime Eric Doligé. Pour lui, "la position de l'UMP est très claire, elle a été définie en bureau politique". C'était le 3 février dernier, lorsque le parti a opté pour le "ni-ni" lors de la législative partielle du Doubs. Toutefois, des voix discordantes avaient appelé à faire barrage au FN, comme Alain Juppé ou Nathalie Kosciusko-Morizet. Des tensions qui guettent à nouveau l'UMP.
Ce dangereux "troisième tour". Et ce n'est pas encore le 29 mars, à l'issue du scrutin, que Nicolas Sarkozy pourra souffler. Le patron de l'UMP suivra de près, début avril, l'élection des nouveaux présidents des conseils départementaux, ce "troisième tour" qui s'annonce périlleux dans certains endroits. En effet, dans quelques départements, des élus FN devraient se retrouver en situation d'arbitre, capables d'influer sur l'élection du président. Nicolas Sarkozy l'a martelé à plusieurs reprises : il ne tolérera aucune alliance avec le FN. L'ordre sera-t-il respecté sur le terrain ?
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