La vie de Matthias Fekl a considérablement changé depuis la victoire de François Hollande, en mai 2012. Elu pour la première fois député le mois suivant, il a intégré, jeudi, le gouvernement Valls 2 au poste de secrétaire d’Etat au Commerce extérieur en remplacement de Thomas Thévenoud, démissionnaire pour impôts impayés. Europe1.fr vous présente ce jeune élu socialiste de 35 ans.
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Un produit des grandes écoles
Semblable à nombre d'hommes politique, le parcours de Matthias Fekl comporte néanmoins une originalité. Car c'est en Allemagne qu'il a vu le jour, d'un père allemand et d'une mère française. Après une enfance passée outre-Rhin, il poursuit sa scolarité au lycée français de Berlin, avant d’intégrer le prestigieux lycée Henri IV, à Paris. Le début d’un parcours scolaire plus que brillant. Il intègre ensuite l'École normale supérieure de Lyon, l'Institut d'études politiques de Paris puis l'École nationale d'administration. C’est tout ? Non, il est également titulaire de maîtrises d'allemand et de philosophie.
Un ancien soutien de DSK
S’il a très vite rejoint François Hollande lors de la primaire socialiste de 2011, Matthias Fekl avait initialement choisi de se ranger derrière un autre candidat : Dominique Strauss-Kahn. Entré au PS en 2001, il commence à militer en faveur du futur patron du FMI dès l’année suivante, au lendemain de la présidentielle perdue par la gauche. "Ma mission consistait à construire une équipe autour de lui. Mais j'ai dû l'interrompre pour suivre mon stage de l'ENA à New-York en pleine guerre d'Irak. Diplômé, je suis revenu à ses côtés en 2005. Il m'a nommé délégué national de son club ‘A gauche en Europe’ co-fondé avec Pierre Moscovici", se souvient-il dans Sud Ouest. Mais après la chute de son champion, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers le "social-démocrate" Hollande. Un président qui l’apprécie. Pour preuve, il lui a demandé de l’accompagner lors de sa visite d'État aux États-Unis, en février dernier.
Un danger pour Hollande ?
Quand il a annoncé le remaniement de son gouvernement, Manuel Valls a insisté sur les notions de "cohérence, de cohésion et de clarté". Pas question de revivre les psychodrames Duflot ou Montebourg. Sauf que Matthias Fekl n’a pas toujours été tendre avec l’exécutif. La "ligne gouvernementale (est) cohérente", mais "l'assise politique est étroite et court le risque de ne pas être assez inventive. Le gouvernement ne peut se contenter de rééquilibrer les comptes publics", assénait-il la semaine dernière dans Sud Ouest. Quelques jours plus tard, sur Mediapart, il estimait que "ce gouvernement risque, sur plusieurs points, de s'éloigner de nos engagements", ajoutant: "nous ne devons pas donner le sentiment que nous mettons en œuvre ce que Nicolas Sarkozy n'a pas fait". Un "couaqueur" en puissance ?
Un socialiste ambitieux
Jeune pousse socialiste né en 1977 - comme Najat Vallaud-Belkacem, Emmanuel Macron et Sylvia Pinel -, Matthias Fekl a gravi les échelons avec patience et intelligence. Conscient de l’importance d’une implantation locale, l’énarque, à seulement 29 ans, est élu conseiller municipal de Marmande en 2008 et devient adjoint aux Finances du maire, puis conseiller régional de la région Aquitaine et vice-président chargé du développement économique, de l'emploi et des entreprises. Devenu premier secrétaire de la fédération socialiste du département, c’est lui qui gère la délicate succession de Jérôme Cahuzac.
Au Parti socialiste, il est secrétaire national aux institutions, à la réforme et à la modernisation de l'État et, une fois élu à l'Assemblée nationale, il devient membre de la commission des Lois et rédige un rapport sur l’immigration pour le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Une carrière politique linéaire qui le voit aujourd’hui intégrer le gouvernement. "Et ce n’est pas fini", dit la publicité…
Cahuzac l’a fait sortir de l’ombre
Jusque là inconnu du grand public, Matthias Fekl, membre de la commission des lois, s'est fait connaître en participant très activement à l'élaboration du projet de loi sur la transparence de la vie publique consécutive à l’affaire Cahuzac, élu comme lui du Lot-et-Garonne. Clin d’œil du destin, c’est au nom du respect de cette loi que Thomas Thévenoud a dû démissionner.