Après le meurtre, la semaine dernière, d'une adolescente scolarisée dans un internat de Haute-Loire, les politiques ont été amenés à préciser leur programme pour 2012 sur les thèmes de la récidive et de la criminalité des mineurs.
Le viol et le meurtre d'Agnès ont, en effet, été reconnus par un autre pensionnaire de l'internat, âgé de 17 ans, déjà mis en examen pour viol dans une précédente affaire. Après quatre mois passés en prison, il avait été accueilli au collège Cévenol, qui dit aujourd'hui ne pas avoir eu connaissance du motif de son incarcération. Après cette controverse, les politiques ont donc été questionnés sur les problématiques de récidive. Voici leurs propositions :
LES CENTRES FERMES
Une augmentation des centres éducatifs fermés pour les mineurs - La proposition - qui était un des axes forts du projet de Ségolène Royal lors de la primaire PS - est, cette fois, avancée par l’équipe de François Hollande. Son directeur de campagne, Pierre Moscovici, a ainsi estimé, sur Europe 1, en évoquant le cas de l'assassin présumé d'Agnès en Haute-Loire, que "quand un mineur est dans cette situation-là, il faut des centres fermés". Invité à détailler les propositions de son parti sur ce sujet, le directeur de campagne du candidat socialiste a remis à plus tard la présentation globale du projet, pour éviter "toute récupération politique".
Toutefois, Aurélie Filippetti, également membre de l'équipe de campagne de François Hollande, a précisé ses propos. Les centres éducatifs fermés, "il n'y en a pas assez. Il en faudrait un par département", a ainsi jugé la députée de Moselle sur i-Télé. Selon elle, il faut aussi "des moyens, par exemple pour la Protection judiciaire de la jeunesse".
Une loi sur "l'évaluation de la dangerosité" et une préférence pour les centres fermés - La question de "l'évaluation de la dangerosité" des délinquants sera incluse dans un projet de loi "présenté au Conseil des ministres la semaine prochaine", a d'abord annoncé, lundi, le garde des Sceaux Michel Mercier à l'issue d'une réunion à la Chancellerie. Dans l'après-midi, à la sortie de Matignon, il a ensuite assuré avoir reçu pour instruction de François Fillon que tout mineur auteur "d'un crime sexuel particulièrement grave" soit désormais "placé en centre éducatif fermé", option défendue également par le PS. Depuis 2000, une demi-douzaine de lois sur la récidive criminelle ont déjà vu le jour en France.
REVOIR LE PROCESSUS DE SUIVI PSY
La "mise en place d'un cursus de psychocriminologie" - De son côté, le député UMP Jean-Paul Garraud a demandé la "mise en place d'un cursus de psychocriminologie". "Magistrat pendant 20 ans", il assure que la "seule solution pour lutter contre la récidive et le crime, c'est l'évaluation de la dangerosité, un sujet très délicat". "Nous manquons de psychiatres" dans ce domaine et il faut "mettre en place un cursus de psychocriminologie", a-t-il estimé, sans donner plus de précisions. Jugé "réinsérable et ne présentant pas de dangerosité", le meurtrier présumé d'Agnès était soumis à une obligation de suivi psychiatrique. Il était suivi par un psychiatre au Puy-en-Velay et par un psychologue dans son établissement.
Revoir le système sans être excessif - De son côté, Corinne Lepage, candidate de Cap 21 à la présidentielle, s’est montrée très mesurée, dimanche soir. Estimant qu’il fallait "revoir" le processus de suivi psychologique, elle a cependant regretté les réactions "excessives du gouvernement" qui n’a convoqué lundi "les parquets" au ministère de la justice.
UN REFERENDUM SUR LA PEINE DE MORT
Un référendum sur la peine de mort - Marine Le Pen a également été une des premières à réagir sur le meurtre d’Agnès. Dimanche matin sur Europe 1, elle a notamment proposé un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, s'y déclarant favorable pour "ceux qui tuent nos enfants". "Il faut rompre avec des décennies de laxisme à l'égard de la délinquance", a-t-elle martelé sur Europe 1 avant d'appeler à "réduire le délai de traitement, notamment des crimes commis par les mineurs".
Ce sujet de la récidive a fait l'objet de 11 rapports officiels depuis 2002 et est toujours vivement débattus par la classe politique et les syndicats de la magistrature.