Le contexte. Alors que François Hollande a été accueilli par les sifflets, jeudi matin à Florange, il a finalement réussi à rassurer les salariés du site métallurgique en annonçant la création d’un centre de recherche sur la sidérurgie. Une opération de communication réussie…jusqu’à la sortie de Cécile Duflot quelques instants plus tard, accusant Manuel Valls d’être allé "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain" dans ses propos sur les Roms, tenus lundi. Une déclaration qui a considérablement agacé le président de la République.
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"Elle leur a lâché un morceau de barbaque". Alerté par les journalistes présents à Florange, Pierre-René Lemas (photo), secrétaire général de l’Elysée et très proche de François Hollande, a alors consulté les dépêches tombées sur le sujet, l’air incrédule. "Chers amis, je vais vous laisser, il faut que j’aille prévenir le président", a-t-il aussitôt réagi. Dans l’équipe qui entoure François Hollande, c’est l’exaspération qui domine. "Il faut que les Verts apprennent définitivement les codes de la politique quand on est au pouvoir", a ainsi lâché à Europe 1, un des collaborateurs du président, furieux.
Un autre conseiller étrille Cécile Duflot : "elle est dans une crise identitaire avec son parti. Il fallait qu’elle leur lâche quelque chose. Elle a trouvé ça dans l’actu". Et de conclure, méprisant: "elle leur a lâché un morceau de barbaque".
L’opération Florange gâchée. Après un léger moment de flottement, le président a fini par venir discuter avec les journalistes. Intarissable sur Florange, mais crispé quand "l’affaire Duflot" a été évoquée : "je ne suis pas là pour commenter les phrases des uns et des autres", a-t-il simplement lâché en s’éloignant. Une exaspération d’autant plus facile à comprendre que l’opération de Florange, considérée comme un moment important à l’Elysée, était jusque là plutôt réussie. Sauf que demain, les journaux ne parleront que de Cécile Duflot…
"Ce n’est pas non plus une affaire d’Etat". Une fois la réaction à chaud passée, l’Elysée a surtout cherché à minimiser l’importance de l’altercation Duflot/Valls. "Ce n’est pas non plus une affaire d’Etat", estime un conseiller du président auprès d'Europe 1. "Ce qui compte n’est pas débat entre des ministres divas, mais la politique du gouvernement sur les Roms. Et cette politique, elle est fixée à l’Elysée", ajoute un autre. François Hollande n’a pas appelé Cécile Duflot jeudi soir, ne voulant pas ajouter de la crise à la crise en donnant l’impression d’un recadrage. Et pas question pour lui de désavouer son ministre le plus populaire. Bref, dans le plus pur style du hollandisme, les deux lignes sont ménagées. Deux lignes aussi utiles l’une que l’autre dans l’optique des prochaines échéances électorales.
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