C'est officiel depuis jeudi soir : les clubs français ne participeront pas à la prochaine Coupe d'Europe. Le noeud du problème, c'est que la Ligue nationale de rugby (LNR) a peur de voir le système de franchises ou de provinces (comme dans l'hémisphère sud) se généraliser au détriment des clubs. Lors d'un comité directeur de la LNR tenu dans un hôtel d'Orly, ils ont mis à exécution, comme prévu, la menace qu'ils avaient brandie une première fois en janvier. "Le comité directeur de la Ligue a confirmé la prise de position du mois de janvier à 14 voix contre trois", a déclaré le président de la LNR, Serge Blanco. Les Anglais ont menacé de se retirer eux aussi de ces compétitions, à commencer par la plus prestigieuse, la Coupe d'Europe, également connue sous l'appellation Heineken Cup.Serge Blanco avait reconnu mercredi qu'un boycott des clubs français et anglais, qui ont fourni neuf des 11 vainqueurs de la Heineken Cup depuis sa création en 1995-1996, signifierait probablement la fin de cette épreuve. "C'était inéluctable. Nous n'avons pas envie de la quitter nous n'avons pas envie de subir non plus. Nous avons fait un choix, nous l'assumons", a encore dit Blanco. Lors de l'annonce de la menace de retrait des clubs français, en janvier, Blanco avait rejeté la responsabilité de la crise sur la Fédération anglaise (RFU), accusée de ne pas respecter un accord transférant aux clubs 50% des actions et des droits de vote au sein du consortium qui gère les coupes d'Europe, l'European Rugby Cup (ERC). "Le point d'achoppement est sur l'actionnariat. La RFU se refuse à lâcher le moindre pourcentage à ses clubs", a rappelé le président de la LNR. Rob Andrew, directeur de l'élite au sein de la RFU, a accusé la LNR de jouer double jeu et de vouloir surtout limiter le nombre de matches en cette année de Coupe du monde. Les clubs anglais ont clairement précisé lundi, lors de leur vote unanime de retrait, que leur action était inspirée par le refus de la RFU de céder la moitié de ses parts dans l'ERC. Si aucun représentant du rugby anglais n'était présent à Orly, Bernard Lapasset, le président de la Fédération française, était bien là et a été salué par Blanco. "Il a fait le maximum pour les club français et nous lui en sommes reconnaissant", a dit l'ancien arrière du XV de France. Bernard Lapasset a tenté une médiation en proposant aux clubs une minorité de blocage, en vain.