Le contexte. Sa décision était attendue fébrilement par le gouvernement. Mardi, comme on pouvait s’y attendre, Martine Aubry a décidé, dans sa ville de Lille, de reporter à 2014 l’application de la réforme Peillon sur les rythmes scolaires. Une grosse épine dans le pied du ministre de l’Education nationale. Et aussi un moyen pour la maire de Lille de revenir au centre du jeu.
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La vengeance d’une oubliée. Martine Aubry a de la mémoire, qu’on se le dise. Choisir la prudence du temps pour appliquer la réforme Peillon dans sa ville de Lille, c’est un geste politique plutôt qu’un simple arbitrage. Battue par François Hollande lors de la primaire socialiste, vaincue par Jean-Marc Ayrault dans la bataille de Matignon, l’ancienne première secrétaire du PS nourrit pour François Hollande - comme pour Vincent Peillon d’ailleurs -, une antipathie notoire. Et si elle ne jouera pas contre son camp, il ne faudra pas compter sur elle pour faciliter la tâche du gouvernement.
Matignon toujours dans le viseur ? En retrait à Lille, Martine Aubry reste toujours très au fait des affaires nationales. Nombre de ministres ont été reçus par elle, comme des grands patrons ou des personnalités de tous horizons. Se tenir prête, au cas où... Pas question pour autant d’assurer le service après-vente d’une politique qu’elle est réduite à commenter, et encore moins de demander des efforts aux Lillois. Martine Aubry, comme d’autres barons locaux à Lyon, Montpellier ou Strasbourg, joue la montre. En attendant quoi ? Un remaniement ?
En sauvant la face d’une réforme mal engagée, Bertrand Delanoë pourrait, dans cette hypothèse, apparaître comme avec une longueur d’avance. Mais en politique, s’opposer est aussi le meilleur moyen de s’imposer. François Mitterrand, contraint de faire avec Michel Rocard à Matignon, est un précédent qui rend toutes les hypothèses plausibles. Y compris celle d’une alliance de circonstance entre Martine Aubry et François Hollande.