A chacun son annonce sur la fiscalité. Le 27 février dernier, dans l'émission Parole de candidat de TF1, François Hollande présentait son impôt sur le revenu des hyper-riches. Quinze jours plus tard, sur le même plateau de télévision, Nicolas Sarkozy dégaine, à son tour, sa mesure fiscale choc : un projet de taxation des exilés fiscaux.
Le président-candidat engagé dans une course contre la montre pour tenter de refaire son retard sur son adversaire socialiste a, en effet, proposé lundi la création "d'un impôt lié à la nationalité". Dans le collimateur : les exilés fiscaux, dont il a jugé la pratique "particulièrement scandaleuse".
Les exilés fiscaux "vont avoir une surprise"
"Je souhaite que la fiscalité et la nationalité soient liées. Nous allons appliquer ce qu'appliquent les Américains : un impôt lié à la nationalité", a ainsi expliqué le candidat de l'UMP, avant de préciser son propos : "Tout exilé fiscal qui est parti à l'étranger dans le seul but d'échapper à l'impôt français devra déclarer à l'administration française ce qu'il a payé comme impôt à l'étranger. Et si c'est inférieur à ce qu'il aurait payé sur les revenus de son capital en France, on lui fera payer la différence".
Nicolas Sarkozy a ensuite tempéré son propos, soulignant que n'étaient pas concernés par cette proposition les "expatriés qui participent de la puissance de la France et du rayonnement de la France". "Il y a deux millions de Français qui vivent à l'étranger, qui se battent, qui conquièrent des marchés", a-t-il enchaîné, évoquant également les fonctionnaires en poste à l'étranger. "Ces Français-là, je ne veux qu'on touche en rien à leur statut fiscal et juridique. En rien".
Dès lors, les expatriés se distinguent-ils, par leur travail, de ces exilés fiscaux ? "L'exilé fiscal, c'est celui qui veut rester Français pour la nationalité mais qui ne veut pas rester en France pour la fiscalité. J'ai tous les avantages mais aucun inconvénient !", a insisté Nicolas Sarkozy avant de prévenir : "Et bien, ils vont avoir une surprise".
Le PS raille, Mélenchon crie victoire
Il n'aura pas fallu une heure avant la première réaction de l'opposition. Réagissant sur le site Twitter, Jérôme Cahuzac, chargé du budget dans l'équipe de François Hollande, a raillé, dans la soirée, les "deux amendements repoussés en 2011", concernant les exilés fiscaux.
Quant à Jean-Luc Mélenchon qui propose depuis plusieurs semaines une même proposition, il a lancé lundi soir, un "je triomphe !" ironique. "Le président de la République sortant reprend à son compte la solution du Front de gauche concernant la taxation des déserteurs fiscaux à l'étranger !", a fanfaronné le candidat du Front de gauche, dans un communiqué.
"Hier, il reprenait notre idée de désobéissance européenne. Et il y a quinze jours, c'était !", a-t-il ajouté.
L'imposition universelle
Aujourd'hui, c'est fiscalité dite "universelle" n'est appliquée qu'aux Etats-Unis et aux Philippines. Ces deux pays imposent les revenus de leurs citoyens partout dans le monde, au motif de leur nationalité. Cette imposition contraint ainsi es Américains à remplir tous les ans une déclaration d'impôt comprenant leurs revenus réalisés à l'étranger (convertis en dollars), même s'ils n'ont aucun revenu aux Etats-Unis.
Jusqu'à présent, la France, elle pratique une imposition territoriale : elle demande à ses ressortissants de ne déclarer que leurs revenus réalisés dans le pays.