L'INFO. Ils ont hanté les nuits de François Hollande et Manuel Valls. Les deux têtes de l'exécutif ont même, à cause d'eux, dû dégainer l'arme atomique du 49-3 pour s'assurer que la loi Macron serait votée. Eux, ce sont "les frondeurs", ces élus socialistes qui ne cautionnent pas la politique du gouvernement. Sauf qu'après avoir été tancés par nombre de leurs petits camarades, ces élus sortent finalement ragaillardis de cette séquence.
Tancés, mais pas sanctionnés. "Irresponsables" et immatures", voilà comment Manuel Valls jugeait l'attitude de ces députés qui refusaient de voter la loi Macron. Le Premier ministre, comme d'autres, espérait même que des sanctions seraient prises par le Parti socialiste. Il n'en a finalement rien été. Le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis a ainsi fait voter en bureau national une simple résolution rappelant à l'ordre les députés "frondeurs" pour avoir voulu voter "contre" la loi Macron, tout en réclamant, sur ce texte, d'être davantage écouté par le gouvernement. Ou comment ménager la chèvre et le chou.
Soutenus par les Français… Assurés de ne pas être exclus de leur parti, les frondeurs ont pu, quelques jours plus tard, constater que les Français les soutenaient dans cette mini-crise interne à la majorité. Selon un sondage Odoxa publié dimanche dans Le Parisien, ils sont en effet 55% à avoir "une bonne opinion" d'eux et 65% à juger "normal qu'ils s'opposent à certaines décisions du gouvernement".
"Moi qui d’habitude n’aime pas les sondages, j’avoue que celui-ci fait du bien. (…) Il est bon d’entendre les Français. Or ils nous disent qu’ils comprennent notre démarche, qui est de rappeler à François Hollande ses engagements en faveur de la réduction des inégalités et du chômage", s'est félicité le député frondeur Pouria Amirshahi dans 20 Minutes.
… et bientôt reçus par Hollande. Accusé de tous les maux depuis deux semaines, cette poignée d'élus - 30 ou 40 ? - réfractaires à la politique sociale libérale du gouvernement est donc confortée dans sa stratégie par l'opinion publique. Tant et si bien que François Hollande, qui s'était pourtant engagé à ne pas recevoir les parlementaires pendant son mandat, devrait les rencontrer prochainement, selon le Journal du Dimanche. Une information démentie par l'Elysée… mais confirmée par un frondeur dans Libération. "C'est lui le demandeur, je précise", a cru bon de rajouter l'élu.
S'il s'est refusé à confirmer la tenue de ce rendez-vous, Christian Paul, l'un des leaders de la fronde, a d'ores et déjà une idée de la teneur de la conversation : "si nous devions nous rencontrer, je lui dirais qu'il est encore temps de respecter les engagements de 2012 (…) Il est encore temps, mais il est minuit moins le quart", prévient le député de la Nièvre. "Le président de la République doit rassembler la gauche s'il veut continuer à rassembler", a-t-il conclu. François Hollande sait donc à quoi s'attendre s'il veut normaliser ses relations avec ces élus. En marge du dîner du Crif, le 2 février dernier, il s'est déjà entretenu langue avec Jérôme Guedj, l'un des frondeurs les plus médiatiques. Comme un début de réconciliation.
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