François Hollande reçoit mercredi soir à l'Elysée les "frondeurs" du Parti socialiste. Mais ceux-ci ne sont pas les seuls à être bichonnés par le chef de l'Etat. Le président s'est lancé dans une opération reconstruction de sa majorité fracturée. Face à la montée de Marine Le Pen, il n'a plus tellement le choix : rassembler au maximum à gauche sera la seule garantie d'être présent au second tour en 2017. Hollande souhaite donc reconquérir les écologistes ou, tout du moins, une partie d'entre eux.
Ça tombe bien : plusieurs cadres d'Europe Ecologie-Les Verts sont favorables à un retour de leur parti au gouvernement. Parmi eux, le sénateur Jean-Vincent Placé et les coprésidents du groupe EELV à l'Assemblée nationale, François de Rugy et Barbara Pompili. Tous discutent avec François Hollande, dans la perspective du remaniement qui devrait avoir lieu après les élections départementales de la fin mars. Et pourraient bien se laisser tenter par un maroquin ministériel.
Duflot écarte tout retour au gouvernement. Mais en face, un autre pôle d'EELV emmené par Cécile Duflot ne veut pas transiger. Dans un entretien à Libération lundi, l'ancienne ministre a écarté tout retour dans un gouvernement qui, selon elle, "ne porte pas de solutions susceptibles de combattre la crise écologique et sociale". La députée souhaite même l'émergence "d'une nouvelle force politique", que l'on imagine, dans son esprit, plutôt du côté de Jean-Luc Mélenchon, dont elle s'est récemment rapprochée, que des socialistes.
Par conséquent, François Hollande souhaiterait élargir ses soutiens écologistes à d'autres personnalités, en dehors d'EELV. Comme le rapportait le JDD dimanche, l'Elysée songe à constituer une nouvelle formation qui rassemblerait, outre les élus EELV qui veulent revenir au gouvernement, plusieurs petites structures. Parmi elles, le Front démocrate de l'ancien eurodéputé Jean-Luc Bennahmias, que l'on a vu très souvent à l'Elysée ces derniers mois. Ou encore Cap 21, le parti de Corinne Lepage, ainsi que Génération Ecologie. Tout ce petit monde a prévu de se réunir le 4 avril à l'Assemblée nationale, sous la houlette du député EELV Denis Baupin.
Vers une scission d'EELV ? La création d'une telle fédération écolo-socialiste provoquerait de fait la scission d'EELV. Au sein du parti, certains commencent à admettre cette éventualité à demi-mot. En refusant un retour au gouvernement, Cécile Duflot "signe un peu l'acte de décès d'Europe Ecologie-Les Verts", a estimé François de Rugy lundi. "Je ne partage pas cette ligne", a renchéri Jean-Vincent Placé le même jour, au Club de la presse d'Europe 1, en souhaitant "que les écologistes soient au gouvernement". Le patron des sénateurs EELV ne rate d'ailleurs pas une occasion de tresser des lauriers à François Hollande et Manuel Valls. Mardi, il a ainsi loué sur RFI le "volontarisme" de l'action de Hollande sur le climat et la "profonde sincérité" de Manuel Valls sur le Front national.
La base d'EELV semble toutefois bien moins favorable à un retour au gouvernement que les élus parisiens. Ainsi, pour les élections départementales, 45% des candidats écologistes ont fait alliance avec la gauche de la gauche, et seulement 18% avec le PS, selon Le Monde. Preuve qu'une scission ne serait pas indolore.
"Il va falloir que tout le monde respire un bon coup". Au milieu de la tourmente, la secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, tente malgré tout de tenir la barre. "Il va falloir que tout le monde respire un bon coup et se calme un peu", a-t-elle lancé mardi sur Public Sénat. "Chacun s'amuse en ce moment à faire de la politique fiction", déplore-t-elle, appelant à se concentrer sur les départementales : "on verra ce qui va se passer dans les semaines qui viennent".
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