Après plusieurs semaines à couteaux tirés, pendant lesquelles ils ont rivalisé d'inventivité pour envoyer les meilleures piques à leurs adversaires, les candidats à la primaire de la droite ont décidé de calmer le jeu, un peu, ce week-end, lors de l'université d'été du parti qui se tenait à La Baule. Et Nicolas Sarkozy, qui prenait la parole dimanche après-midi, s'est prêté au jeu de l'appel au calme.
"Aucune rancœur". "Ici, je veux dire avec force qu'il n'y aura pas d'alternance si la campagne des primaires devait continuer sur la base d'un pugilat", a-t-il déclaré lors de son discours de clôture. "Quel sera notre état si, [dans] deux mois et demi, il nous reste un champ de bataille avec des ruines ? Quelle serait la France du candidat de la droite et du centre s'il était soutenu à reculons ?" Pour l'ancien président des Républicains, qui a quitté son poste fin août en annonçant sa candidature, la primaire doit être "comme un tremplin, pas comme un boulet". "Je veux des primaires (sic) pour des idées et non pas pour des rancœurs. D'ailleurs, nous n'avons aucune rancœur les uns envers les autres", a-t-il assuré.
L'unité c'est la condition de tout, sur la division on ne construit que la défaite ! #LaBaule2016#ToutPourLaFrance
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 4 septembre 2016
"Ne répondre à aucune attaque". Pas de rancœur, peut-être, mais quelques critiques tout de même. Se gardant bien de le nommer, Nicolas Sarkozy a fustigé Alain Juppé, qui avait proposé samedi aux candidats à la primaire un "code de bonne conduite" durant la campagne. "Je n'aime pas le code de bonne conduite, j'aime la bonne conduite", a-t-il déclaré. Et l'ancien chef de l'État de se donner en exemple : "je ne vous infligerai en aucun cas le ridicule de critiquer ceux qui furent dans mon gouvernement, vous expliquer qu'ils ont de grands défauts, après leur avoir donné de grandes responsabilités pendant cinq ans parce que je pensais, et je pense toujours, qu'ils ont de grandes qualités." Une déclaration qui ressemblait pourtant fortement à une pique à l'adresse de François Fillon, qui fut son Premier ministre pendant l'intégralité de son quinquennat et ne retient plus ses coups aujourd'hui.
Fillon très virulent. De fait, samedi dernier, lors de sa rentrée politique à Sablé-sur-Sarthe, François Fillon avait frappé fort, sous-entendant que Nicolas Sarkozy, mis en examen dans deux affaires, ne devrait pas se présenter à une élection. Ce week-end, l'ancien Premier ministre s'est montré un peu moins virulent, se contentant de rappeler que les institutions souffraient des "affaires judiciaires" et qu'il était contre l'idée de "copier l'extrême droite", un reproche régulièrement adressé à Nicolas Sarkozy.
Prmaire Les Républicains : à La Baule, Sarkozy appelle à l'unité et à la loyauté
En off, Sarkozy se lâche. Si ce dernier a juré à La Baule qu'il avait "fait [le] choix de ne répondre à aucune attaque" pendant cette campagne, cette bonne résolution ne s'applique visiblement qu'à son discours officiel. En "off", l'ancien président des Républicains ne ménage pas ses coups et dézingue tous azimuts. "Je ne vais quand même pas répondre à quelqu'un qui s'est fait battre par Copé", aurait-il lâché à propos des attaques de François Fillon, selon l'hebdomadaire Le Point. Nathalie Kosciusko-Morizet en a également pris pour son grade. "Elle a été ma porte-parole, numéro deux du parti, et elle n'est même pas foutue de réunir les signatures de militants ? Elle serait restée bien tranquille, elle serait aujourd'hui présidente du parti." Nicolas Sarkozy s'en serait également pris à l'âge d'Alain Juppé, pour l'instant toujours en tête dans les sondages. "Le problème, c'est qu'à 72 ans, je ne sais pas quel poste je pourrais lui proposer [une fois à l'Élysée]", aurait-il confié.
Tout le monde s'évite. À La Baule, le discours était donc bien plus mesuré. Mais les attitudes en disent parfois aussi long que les mots. Parmi les candidats à la candidature, seuls Nathalie Kosciusko-Morizet, qui était intervenue en fin de matinée, et Jacques Myard, ont écouté le discours de Nicolas Sarkozy, dimanche. Les autres candidats, notamment Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire, ne sont pas restés. Eux étaient présents la veille, et se sont aussi soigneusement évités. À peine le discours de François Fillon terminé, Alain Juppé faisait son entrée. Et ni l'un, ni l'autre n'ont assisté à la prestation de Bruno Le Maire.