Une grève générale pour accueillir le président : après Mayotte et un crochet par les îles Éparses, Emmanuel Macron est arrivé mercredi après-midi dans une île de La Réunion toujours en situation de crise sociale aiguë, un an après le mouvement des "gilets jaunes".
« C’est à La Réunion que la crise des #giletsjaunes s’est le plus exprimée. Cette colère ce sont les difficultés du quotidien. je veux dire aux réunionnais que le gouvernement est engagé pour apporter des réponses concrètes, vous pouvez compter sur moi. » #macronlareunionpic.twitter.com/Z487eedq85
— Jean-Rémi Baudot (@jrbaudot) October 23, 2019
Pour le chef de l'État, qui poursuit son voyage dans l'océan Indien en faisant une escale de près de trois jours à La Réunion, la mobilisation importante des "gilets jaunes" en novembre 2018 est le fruit d'une "colère qui s'est exprimée (...) sur les difficultés du quotidien". Mais "le gouvernement est engagé tout entier avec les élus" pour "apporter des solutions concrètes", a-t-il assuré à son arrivée dans l'île, estimant toutefois que "sur la vie chère, il n'y pas de recette miracle". Il faut notamment "réinvestir dans le développement économique et la création d'emplois", "apporter des solutions concrètes".
Le chef de l'État était attendu aux abords de l'aéroport par une centaine de personnes répondant à l'ensemble des syndicats réunionnais, qui ont lancé une grève générale jeudi pour dénoncer "la situation sociale de La Réunion". Aux jets de bouteilles et de pierres par des manifestants, les forces de l'ordre ont répondu par des tirs de gaz lacrymogènes.
40% de la population sous le seuil de pauvreté
Dans ce territoire de plus de 850.000 habitants, 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le taux de chômage atteint 24%, et même 42% chez les jeunes. Le coût de la vie pour un budget moyen de ménage réunionnais est de 7,1% plus élevé qu'en métropole, selon l'Insee, alors que le revenu médian réunionnais est inférieur de 30% au niveau national (AFD, 2015). Après une inflation record en 2018 (+1,8%), les prix augmentent toujours en 2019 (+0,6% depuis le début de l'année). "On comptait nos sous avant les 'gilets jaunes', on les compte encore plus maintenant", s'agace Kévin, qui participait au mouvement il y un an. "La situation n'est pas facile, il y a un doute qui s'est installé sur l'action publique au sens large", a-t-il poursuivi.
Une des réponses évoquée par le chef de l'État est la mise en place d'un dispositif "Choose La Réunion", forum économique en présence d'une cinquantaine de grands investisseurs français et étrangers, destiné à renforcer l'attractivité du territoire et "projeter les acteurs économiques réunionnais" vers les régions voisines, l'Afrique australe et le sous-continent indien.
"Ce type de forum permet de mettre en relation chefs d'entreprises, investisseurs et acteurs publics pour promouvoir les atouts de l'île avec des projets concrets qui y seront annoncés", précise l'Élysée.
Au cours de son séjour, qui s'achèvera vendredi, le président, accompagné notamment par les ministres de l'Économie, du Travail et de l'Agriculture, devrait rencontrer jeudi des demandeurs d'emploi dans une mission locale de Saint-Paul, s'entretenir avec des participants aux nouvelles "représentations citoyennes" mises en place après la crise des "gilets jaunes", et pique-niquer avec des représentants des filières de la production agricole locale à Petite-île, dans le sud de l'île. "J'aurai des messages très forts sur l'agriculture et l'emploi", a assuré le chef de l'État.