Petits ajustements en vue au sein de La République en marche! à l'Assemblée. Selon une information du Figaro, confirmée à Europe1.fr, le président du groupe Richard Ferrand a décidé mardi de procéder à quelques changements afin de fluidifier le fonctionnement du groupe. Un objectif pas simple, alors que la majorité a été beaucoup pointée du doigt, en début de législature, pour des errements. Deux coordinateurs politiques des commissions, ces députés chargés, notamment, de veiller à ce que les consignes de vote soient respectées, vont être remplacés.
Taché remplacé. C'est le cas d'Aurélien Taché, le "whip" de la commission des Affaires sociales, qui l'a demandé pour des raisons personnelles. "Il a beaucoup à faire en tant que chargé de mission sur la politique d'intégration", nous explique l'un de ses collègues. Le principal intéressé a d'ailleurs confirmé au Figaro préférer se "consacrer pleinement aux dossiers dont [il a] la charge et aux textes à venir". Une lourde tâche, difficile à concilier avec le poste stratégique de coordinateur politique, qui doit toujours être très disponible pour les autres élus de son groupe. Le nom de Laurent Pietraszewski, rapporteur sur les ordonnances de réforme du code du Travail, circule pour assurer le remplacement.
"Cette commission pourrait être mieux coordonnée". L'autre changement concerne Valérie Oppelt, élue de Loire-Atlantique chargée de la coordination au sein de la commission des affaires économiques. Elle devrait passer la main à Célia de Lavergne. Là encore, pour des raisons personnelles, assure un élu. Mais un proche de Richard Ferrand affirme en revanche au Figaro que le travail de la "whip" est remis en cause. "Valérie Oppelt a perdu des batailles sur certains textes. Cette commission pourrait être mieux coordonnée", souligne-t-il.
" Au point de vue organisationnel, ça pèche encore. Il n'y a pas d'animation du groupe. "
"Désorganisation" chronique. À première vue, ces deux remplacements ne sont que de petits ajustements. En réalité, certains élus regrettent que le groupe LREM n'ait toujours pas trouvé de fonctionnement fluide. Après les couacs du début de la législature, mis notamment sur le compte de l'inexpérience, beaucoup affirmaient à la rentrée fin septembre que tout était rentré dans l'ordre. Finalement, ce n'est toujours pas le cas. "Au point de vue organisationnel, ça pèche encore", soupire un jeune député macroniste. Plusieurs événements ont mis en lumière une "désorganisation" chronique du groupe. La désignation, la semaine dernière, de la députée de l'Hérault Coralie Dubost au poste de secrétaire de l'Assemblée, afin de remplacer son collègue Lénaïck Adam dont l'élection aux législatives a été invalidée, a été "peu appréciée". En réunion de groupe, le vice-président de l'Assemblée Hugues Renson s'est étonné qu'il n'y ait eu aucun appel à candidatures, et l'atmosphère s'est rapidement tendue.
"Problème de communication". Autre exemple de cafouillage : lundi, pendant que François de Rugy était au Bundestag, son homologue allemand Wolfang Schäuble s'exprimait devant l'Assemblée nationale. Mais alors que les parlementaires outre-Rhin étaient venus en nombre, les rangs de l'hémicycle sont restés très clairsemés. "Il y a eu un problème de communication", regrette un élu LREM qui, lui-même, n'a été au courant de la venue de Schäuble que le jour-même, en voyant quelques collègues rejoindre leur banc. "Le groupe n'a même pas été convié dans son ensemble alors que chez LR, Christian Jacob a envoyé un mail et deux textos à tout le monde."
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— Philippe Mathon (@pmathon) 22 janvier 2018
"Forcément, ça crispe". Si ce député tempère, estimant que malgré tout, "la majorité reste cohérente", impossible de nier les tensions. "Vous avez 150 très bons députés qui sont sous-exploités, forcément, ça crispe." Et le responsable de ces cafouillages lui semble tout trouvé : Richard Ferrand. Le président du groupe, exfiltré du gouvernement pour prendre ce poste en juin dernier alors qu'il était visé par une enquête dans l'affaire du montage immobilier des Mutuelles de Bretagne, avait déjà été pointé du doigt par de nombreux élus, de la majorité comme de l'opposition. Absent, peu à l'écoute, peu enclin à créer le liant nécessaire au sein du groupe, celui-ci avait semblé reprendre les rênes de sa majorité en septembre.
Ferrand (encore) pointé du doigt. Mais "les méthodes managériales ne sont toujours pas les bonnes", regrette un député, selon qui les vice-présidents, en dépit de leurs demandes répétées, n'ont pas assez de marges de manœuvre. Selon Le Figaro, ces postes, occupés pour l'instant par Pacôme Rupin, Gilles Le Gendre, Coralie Dubost et Danièle Hérin, pourraient aussi être remis en jeu. "Le problème vient des collaborateurs de Ferrand, qui soit le bunkérisent et le coupent du groupe, soit restreignent les vice-présidents", explique un jeune élu. Mais aussi, visiblement, du chef de file lui-même. "Il n'y a pas d'animation du groupe. Et en même temps, est-ce que vous pouvez bien faire un job pour lequel vous n'avez aucune appétence ?"