Louis Aliot 2000*1000 1:16
  • Copié
Jean-Rémi Baudot, édité par Romain David , modifié à
La large victoire de Louis Aliot à Perpignan, au second tour des municipales, permet au Rassemblement national de récupérer dans son giron une ville de plus de 100.000 habitants, ce qui n'était plus arrivé depuis 25 ans. Toutefois, à l'échelon national, le parti de Marine Le Pen n'a pas vraiment réussi son ancrage local : il est même en recul de cinq points par rapport au scrutin de 2014.
DÉCRYPTAGE

Le Rassemblement National décroche une ville de plus de 100.000 habitants : Perpignan a élu Louis Aliot dimanche soir, lors du second tour des municipales. Le député des Pyrénées-Orientales a récolté 53,09% des voix, dimanche 28 juin, contre seulement 46,9% des suffrages pour le maire LR sortant Jean-Marc Pujol. Mais cette large victoire dans la belle Catalane cache en réalité des municipales plutôt décevantes pour le parti de Marine Le Pen.

"Le front républicain, ça ne marche plus !" À l’annonce des résultats à Perpignan, ce cadre du Rassemblement national interrogé par Europe 1 ne cache pas sa satisfaction : "On a fait mentir les analystes. On est en train de construire", poursuit ce proche de Marine Le Pen. Une ville de 120.000 habitants qui tombe aux mains de l’extrême droite, ça n'était plus arrivé depuis Toulon, en 1995.

Un recul de cinq points par rapport à 2014

Mais cette victoire s'est faite davantage sur le nom et la personnalité de Louis Aliot que sur le sigle du RN. Officiellement candidat sans étiquette, Louis Aliot n’aura d’ailleurs même pas reçu la visite de son ancienne compagne Marine Le Pen. Durant la campagne, il ne s’est affiché qu’avec Robert Ménard, élu dès le premier tour à Béziers.

Hormis Perpignan, les conquêtes RN se comptent sur les doigts d’une main. Après avoir conservé au premier tour les mairies acquises en 2014, l'ex-Front national remporte également les villes de Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, et Bruay-la-Bussière, dans le Pas-de-Calais. "Ce n'est pas seulement d'ailleurs une victoire symbolique, c'est un vrai déclic, parce que nous allons aussi pouvoir démontrer que nous sommes capables de gérer de grandes collectivités", s'est réjouie Marine Le Pen. 

Les cadres du parti accuse la crise sanitaire

Mais en dehors de ces quelques victoires, l'ancrage local du RN est plus faible que celui des partis qu'il tente de renverser. Dans le détail, le parti a même eu des difficultés pour monter des listes, et les résultats de ses candidats sont en moyenne inférieurs de cinq points aux élections de 2014.

Au sein du parti, on relativise, on plaide même la crise du Covid-19, la moitié des électeurs RN ayant boudé les urnes au premier tour. "Sans le Covid, on aurait gagné quelques mairies supplémentaires", veut croire un député RN. Malgré de très bons résultats aux européennes, cette élection municipale n’aura pas été celle de l’ancrage locale pour le parti de Marine Le Pen.