L'ancien Premier ministre François Fillon, jugé à Paris pour avoir employé "fictivement" son épouse Pénélope, a promis jeudi "la vérité" à ses juges, tout en dénonçant les "dégâts irréparables" causés selon lui par cette affaire.
Costume sombre, feuilles de papier à la main, François Fillon, 65 ans, s'est avancé à la barre pour sa première prise de parole depuis l'ouverture lundi de son procès devant le tribunal correctionnel. Le visage fermé, la voix claire, il a expliqué s'être décidé à faire une déclaration à la suite des propos tenus la veille par le parquet national financier, qui lui a "laissé le choix entre la peine de mort et la victimisation". L'un des procureurs avait observé que "sous l'Ancien régime", le détournement de fonds publics, l'un des délits reprochés à François Fillon, était puni de "mort par pendaison".
Après avoir rejeté en début d'audience deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) présentées par la défense, le tribunal a commencé à examiner le premier volet de l'affaire : l'emploi de Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son époux, alors député de la Sarthe.
"J'ai déjà été condamné sans appel par un tribunal médiatique"
Pénélope Fillon, 64 ans, qui est jugée pour complicité et recel de détournement de fonds publics, a pris place entre ses deux anciens employeurs : son époux et l'ancien suppléant de ce dernier à l'Assemblée nationale Marc Joulaud, 52 ans. Tous trois encourent dix ans d'emprisonnement, de lourdes amendes et des peines d'inéligibilité. L'affaire avait éclaté en janvier 2017, pulvérisant la campagne du candidat de la droite à l'élection présidentielle.
"J'ai déjà été condamné sans appel par un tribunal médiatique", a vilipendé François Fillon, dénonçant des "violations répétées, continues, préméditées" de la présomption d'innocence. "Les dégâts sont irréparables : l'élection présidentielle bien sûr", mais aussi "la place du courant de pensée que je représentais", a assuré le prévenu, ajoutant à l'adresse du tribunal : "Quelle que soit la décision que vous prendrez, rien n'y changera."
À son procès, prévu pour durer jusqu'au 11 mars, François Fillon entend "défendre" son "honneur, celui de (son) épouse et celui de Marc Joulaud". Il a promis "la vérité sur le travail essentiel accompli" par sa femme.