Gérald Darmanin a planté le décor de sa rentrée politique dimanche à Tourcoing, en expliquant ne pas vouloir laisser Marine Le Pen "aller irrémédiablement au pouvoir", tout en vantant le bilan d'Emmanuel Macron, en attendant l'arrivée d'Élisabeth Borne. Le ministre de l'Intérieur a réuni dimanche ses soutiens dans son fief électoral du Nord pour une journée consacrée aux "classes populaires" à laquelle s'est invitée in extremis la Première ministre et alors que LR fait sa rentrée au même moment dans les Alpes-Maritimes.
Gérald Darmanin a suscité des remous au sein de la majorité en évoquant ouvertement la présidentielle de 2027, pour laquelle il a jugé dans la semaine "assez probable" une victoire de la leader du Rassemblement national. "On est là pour défendre bien sûr le bilan du président de la République qui a beaucoup fait. Il reste quatre ans et il faut beaucoup faire encore, j'imagine", a déclaré le ministre de l'Intérieur avant l'ouverture des débats.
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11 ministres ont fait le déplacement
"Et puis on est aussi là pour dire qu'il y a un problème. On ne peut pas laisser évidemment Marine Le Pen aller irrémédiablement au pouvoir, si jamais nous ne sommes pas plus motivés pour défendre le bilan du président et être à portée d'engueulade, comme on dit quand on est un élu ancré dans les territoires", a ajouté Gérald Darmanin. Environ 700 personnes assistent à cet évènement de rentrée organisé par le ministre dans son fief électoral du Nord. 11 ministres ont fait le déplacement, dont Olivier Dussopt (Travail). Le conseiller d'Emmanuel Macron Bruno Roger-Petit a également fait le déplacement.
Sont également présents des parlementaires des trois groupes de la majorité. Horizons, le parti d'Édouard Philippe, est représenté par son président du groupe à l'Assemblée Laurent Marcangeli. Quelques députés MoDem sont également du voyage.
"Sensibilité particulière"
Au-delà de la majorité, quelques membres des Républicains ont honoré l'invitation, alors que le parti organise aussi sa rentrée dimanche dans les Alpes-Maritimes, fief de son patron Eric Ciotti. Ont préféré aller à Tourcoing les députés Virginie Duby-Muller et Alexandre Vincendet ou encore les sénateurs Stéphane Le Rudulier et Marc-Philippe Daubresse. Également présent, Jérôme Lavrilleux, l'ancien conseiller de Jean-François Copé, et l'ex-ministre Catherine Vautrin qu'Emmanuel Macron avait un temps envisagé de nommer à Matignon. Le président de l'Union centriste au Sénat Hervé Marseille a pris la parole.
"Si j'ai toujours défendu une sensibilité particulière, dans le soutien au président de la République, l'idée n'est évidemment pas de créer un parti ou un mouvement", a assuré M. Darmanin. "Nous avons un bon bilan à défendre pour les classes populaires et moyennes. Il n'est pas toujours compris. Il faut qu'on l'explique davantage et moi, je me mets dans cette critique. Les gens demandent beaucoup plus de sécurité, ils demandent une meilleure maîtrise de l'immigration, qu'on réaffirme la laïcité. Peut-être que je n'ai pas été assez à la hauteur, je ne donne de leçons à personne", a également développé le ministre.
"C'est la fin de Renaissance"
Avec ses déclarations, Gérald Darmanin a semblé accélérer le calendrier de la succession d'Emmanuel Macron, provoquant des crispations au sein de la majorité. "2027, c'est bien loin", a répondu dans la semaine Élisabeth Borne, tandis que le patron de Renaissance Stéphane Séjourné a averti que "les idées" devaient "passer avant les egos". "À Tourcoing, l'après-Macron est commencé", a jugé samedi Jean-Luc Mélenchon. "C'est la fin de Renaissance", a ajouté le chef du parti socialiste Olivier Faure, pour qui Gérald Darmanin "va rassembler la droite et l'extrême droite".
Gérald Darmanin a récemment reçu un soutien appuyé de Nicolas Sarkozy, qui juge dimanche dans Le Parisien qu'un "leader" de la droite devra, en 2027, rassembler les soutiens de "Eric Zemmour, Emmanuel Macron et Eric Ciotti".