Abaya : «Ce n'est pas un signe religieux, c'est un signe civilisationnel», affirme Michel Onfray
Une tenue comme une autre ou une question de religion ? L'interdiction du port de l'abaya dans les écoles, collèges et lycées publics a marqué la rentrée scolaire. Pour le philosophe Michel Onfray, invité de la Grande interview d'Europe 1-CNews lundi, cette longue robe couvrante n'est pas un signe religieux.
Pas d'abaya à l'école : le Conseil d'État a validé jeudi dernier l'interdiction de cette longue robe couvrante, porteuse selon lui d'une "logique d'affirmation religieuse" prohibée dans les établissements scolaires. Saisi en urgence, le juge a rejeté le recours de l'association Action droits des musulmans (ADM), qui demandait la suspension de cette interdiction au nom d'un risque de discrimination et d'atteinte aux droits.
Pour le Conseil d'État, cette interdiction "ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée, à la liberté de culte, au droit à l'éducation et au respect de l'intérêt supérieur de l'enfant ou au principe de non-discrimination".
"J'ai lu le Coran, il n'est pas question d'abaya"
Le juge a en effet estimé que le port à l'école de l'abaya ou du qamis (son équivalent masculin) s'inscrivait "dans une logique d'affirmation religieuse, ainsi que cela ressort notamment des propos tenus au cours des dialogues engagés avec les élèves". D'après le philosophe Michel Onfray, invité de la Grande interview d'Europe 1-CNews lundi, "l'abaya n'est pas un signe religieux, c'est un signe civilisationnel".
"J'ai lu le Coran, j'ai lu les hadiths du Prophète, j'ai lu des biographies, il n'est pas question d'abaya. C'est un vêtement civilisationnel et il y a un tas de jeunes filles qui ne savent pas très bien tout ça, c'est une façon de dire 'on porte ce vêtement civilisationnel parce que votre civilisation, on ne l'aime pas'", a ajouté le philosophe au micro d'Europe 1.
"Elles savent que ça emmerde les dominants"
D'après l'auteur de Le fétiche et la marchandise (Bouquins Editions), les jeunes filles porteraient l'abaya pour "emmerder" le gouvernement. "Ces gamines portent l'abaya, sans trop savoir ce que c'est, elles savent juste que ça emmerde les dominants, comme les gamins qui portaient des insignes nazis à l'époque des punks", a-t-il tranché.
Invité d'Europe 1-CNews lundi, le philosophe a stigmatisé la "faiblesse de nos gouvernants", visant dans ses propos Emmanuel Macron. Pour Michel Onfray, il est avant question d'immigration et d'intégration. "Si on intègre pas, les gens diront 'ah, vous ne voulez pas nous intégrer, d'accord, on revendique une autre identité, pas la vôtre'".
Un père de famille convoqué devant la justice après des menaces de mort
Cette interdiction décidée par le ministre de l'Éducation n'était pas du goût de tous. Un père de famille de 44 ans , accusé de menaces de mort envers un proviseur qui a refusé l'accès au lycée à sa fille portant une abaya, devra répondre en octobre devant la justice à Clermont-Ferrand.
"Les termes rapportés font état de menace d'égorgement. Lui dit qu'il n'a pas tout à fait dit ça", a précisé la procureure de la République à Clermont-Ferrand Dominique Puechmaille.
Lundi, quelque 300 élèves , sur les 12 millions ayant fait leur rentrée cette semaine, se sont présentées en abaya devant leur établissement et 67 d'entre elles ont refusé de la retirer, selon le ministre de l'Éducation.