C'est un fait rarissime. Le Premier ministre Édouard Philippe "a décidé de ne pas aller" jeudi aux questions au gouvernement au Sénat, en signe de désaccord avec la décision de la chambre haute de saisir la justice du cas d'Alexandre Benalla, mais également de proches d'Emmanuel Macron.
Juste avant la séance, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux avait dénoncé devant les journalistes un acte "politiquement bas et moralement très grave", en fustigeant "un tribunal politique".
Rebondissement dans l'affaire Benalla
Le Sénat a décidé de transmettre à la justice les cas d'Alexandre Benalla, Vincent Crase et Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, pour suspicion de faux témoignage devant une commission d'enquête parlementaire.
Le Bureau du Sénat a également décidé, lors d'un vote à huis clos et à main levée, de transmettre au parquet les déclarations sous serment devant la commission d'enquête sur l'affaire Benalla d'autres collaborateurs d'Emmanuel Macron. Pour ces autres collaborateurs du président, le Sénat transmettra la liste des "incohérences" et "contradictions" relevées par la commission d'enquête sénatoriale, qui a rendu le 20 février un rapport accablant, montrant des "dysfonctionnements majeurs" au sommet de l'État, a précisé à l'AFP un des membres du bureau. Au parquet de voir quelles suites donner, ajoute-t-il.
Ferrand boycotte une réunion avec Larcher
Le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand (LREM), a décidé lui aussi jeudi de "ne plus participer" à une conférence commune prévue vendredi avec son homologue du Sénat Gérard Larcher, en réaction à la décision du Bureau de la chambre haute dans l'affaire Benalla. Le président de l'Assemblée "décide de ne plus participer à la conférence commune avec le Président du Sénat Gérard Larcher prévue ce vendredi 22 mars à SciencesPo à Lille", a indiqué la présidence dans un communiqué, en dénonçant une utilisation des "fonctions de contrôle parlementaire à des fins politiciennes" par le Bureau du Sénat.
Pour sa part, Gérard Larcher a indiqué "n'être en guerre contre personne", après la décision de la Haute assemblée. "Pas contre l'Elysée et personne d'autre. Le sujet est d'une autre nature. C'est simplement l'application du droit, rien que le droit, tout le droit", a souligné Gérard Larcher à l'issue du vote du Bureau du Sénat.