Indépendamment des violences présumées dont ils ont fait l'objet avant leur interpellation, pourquoi deux jeunes filmés en train de s'en prendre aux forces de l'ordre le 1er mai à Paris n'ont-ils pas été placés en garde à vue, ni poursuivis ? C'est en somme la question que pose François Molins, le procureur de Paris, au directeur de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP), dans un courrier révélé jeudi par Le Monde et dont Europe 1 a eu confirmation.
Une carafe jetée sur les forces de l'ordre. Dans cette lettre, le procureur de Paris demande "de préciser les raisons pour lesquelles les deux personnes appréhendées place de la Contrescarpe n'avaient pas été mises en cause pour les faits commis contre les forces de l'ordre ce jour-là", indique une source judiciaire. Sur certaines des vidéos de la scène à l'origine du scandale qui secoue l'exécutif depuis une semaine, on voit en effet le couple jeter des projectiles, en l'occurrence une carafe et ce qui ressemble à un cendrier, sur les policiers présents. La jeune femme fait ensuite un bras d'honneur en direction des forces de l'ordre. Interrogé sur le sujet, mercredi sur Europe 1, leur avocat, Me Sahand-Saber, a reconnu "une réaction colérique" à la charge visant les manifestants.
Selon leur conseil, tous deux "ont passé une très mauvaise journée, qui a fini chez les policiers" après leur interpellation violente, pour laquelle Alexandre Benalla et Vincent Crase, un autre ex-collaborateur de l'Elysée, sont mis en examen. Mais aucune poursuite n'a été initiée à leur encontre pour les faits qui ont précédé ces violences.
"Un délit" selon Alexandre Benalla. "Sur ce que j'ai vu, il n'y avait pas beaucoup de choses à leur reprocher", a expliqué le préfet de police de Paris Michel Delpuech devant la commission d'enquête de l'Assemblé nationale, lundi, sans préciser à quelles vidéos il faisait référence. Dans un entretien au Monde, jeudi, Alexandre Benalla lui-même contredit cette version, affirmant que "jeter des projectiles sur un CRS, c'est violences volontaires, c'est un délit puni d'emprisonnement".
Auprès d'Europe 1, l'avocat du couple avance, lui, la thèse d'une volonté de couvrir les agissements du collaborateur de l'Elysée, estimant qu'un éventuel procès devant le tribunal correctionnel aurait pu précipiter la polémique. "Monsieur Benalla aurait été contraint de témoigner, monsieur Crase aurait été contraint de témoigner, les policiers auraient été contraints de témoigner...", explique-t-il. "Ça veut dire que l'affaire aurait éclaté à ce moment-là."