Affaire Bygmalion : Sarkozy entendu par les juges d'instruction du pôle financier

Nicolas Sarkozy à son arrivée au Pôle financier.
Nicolas Sarkozy à son arrivée au Pôle financier. © THOMAS SAMSON / AFP
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C.B avec AFP , modifié à
L’ancien président de la République est arrivé au pôle financier du palais de justice de Paris pour être entendu par les juges d'instruction. 

Une semaine après Jean-François Copé, c’est au tour de Nicolas Sarkozy d’être entendu mardi par les juges du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris dans le cadre de l’affaire Bygmalion. L’ancien président de la République, aujourd’hui à la tête des Républicains, est arrivé vers 8h40 au pôle financier, selon le journaliste d'Europe 1 présent sur place. Dans cette affaire de fausses factures, qui ont permis de dissimuler des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2012, les enquêteurs cherchent à déterminer quelle connaissance l'ancien président avait de la fraude. Depuis les révélations de cette affaire, début 2014, la société Bygmalion et l’UMP, qui a depuis changé de nom, se rejettent la responsabilité.

L'ESSENTIEL :

- L'ancien président est arrivé vers 8h30 au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris

- Nicolas Sarkozy est entendu dans l'enquête sur Bygmalion et les comptes de sa campagne présidentielle de 2012

- Les juges d'instruction cherchent à déterminer quelle connaissance l'ancien président avait de la fraude

- Il risque d'être mis en examen pour financement illégal de campagne

Mise en examen ? L'ancien chef de l'Etat, qui ambitionne de disputer la primaire de son camp à l'automne pour revenir au pouvoir en 2017, risque une mise en examen. Il peut aussi, comme Jean-François Copé, être placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté. Lundi 8 février, Jean-François Copé, lui, a été convoqué avec ce statut de témoin assisté.

18,5 millions d'euros de dépenses "cachées".L'enquête Bygmalion, du nom de la société qui organisait ses meetings, porte à l'origine sur un vaste système de fausses factures pour dissimuler une explosion du plafond légal des dépenses pour la présidentielle de 2012, fixé à 22,5 millions d'euros. Ces fausses factures auraient eu pour objet d'imputer à l'UMP, quelque 18,5 millions d'euros de dépenses, qui auraient dû rentrer dans le compte de campagne. Au final, le Conseil constitutionnel avait quand même rejeté ce compte, pour un dépassement de quelques centaines de milliers d'euros.

Nicolas Sarkozy pas informé des "détournement". Plusieurs cadres de Bygmalion, son comptable, ainsi que Jérôme Lavrilleux, de l'UMP, ont reconnu l'existence de la fraude aux fausses factures, mais aucun protagoniste n'a mis en cause Nicolas Sarkozy pour l'avoir décidée ou en avoir eu connaissance. "A mon avis, il est impossible qu'il en ait été informé", avait affirmé en garde à vue Jérôme Lavrilleux, ex-bras droit de Jean-François Copé.

Mais au courant des contraintes budgétaires. L'enquête montre cependant que Nicolas Sarkozy a demandé et obtenu plus de meetings, vers la mi-mars 2012. Les policiers ont retrouvé un courriel du 19 mars dans lequel Eric Cesari, alors directeur général de l'UMP, prend acte auprès du directeur de campagne Guillaume Lambert du "souhait du président de tenir une réunion publique chaque jour à partir de la semaine prochaine". Or, Guillaume Lambert a déclaré aux policiers qu'il avait informé le président-candidat des "contraintes budgétaires" posées par une note de l'expert-comptable, qui pointait un risque de dépassement du plafond et interdisait toute dépense supplémentaire.

Sarkozy se défausse sur Copé. Entendu par les enquêteurs, Nicolas Sarkozy a assuré ne pas s'en souvenir et a relativisé le coût des événements ajoutés. Quant à Guillaume Lambert, il a expliqué, sans convaincre les juges, que des négociations sur les tarifs des précédents meetings avaient permis de dégager des marges de manœuvre. "L'argument d'une campagne qui dérape est une farce", a affirmé Nicolas Sarkozy aux enquêteurs le 4 septembre. Il a renvoyé la responsabilité des fausses factures sur Bygmalion et l'UMP dirigée alors par Jean-François Copé, qui a été placé la semaine dernière sous le statut de témoin assisté.

" L'argument d'une campagne qui dérape est une farce "

L'enquête dépasse l'affaire Bygmalion. Mais depuis, l'enquête s'est élargie à des dépenses qui n'ont rien à voir avec la société de communication fondée par des proches de Jean-François Copé. Les juges s'interrogent notamment sur une ligne "présidentielle" dans le budget 2012 du parti, indiquant 13,5 millions d'euros de dépenses engagées, alors que trois millions d'euros seulement ont été communiqués dans le compte de campagne. Trains, salles de meetings, tracts, sondages, les juges ont remonté la trace de nouvelles factures oubliées, qui apparaissent dans les comptes détaillés de l'UMP.

Une mise en examen possible. Malgré ses dénégations, les juges pourraient considérer que Nicolas Sarkozy doit être mis en examen. Selon une source proche de l'enquête, le délit de financement illégal de campagne peut être constitué par le simple fait de dépasser sciemment le plafond des dépenses de la part du candidat, signataire de son compte de campagne. L'enquête est aussi ouverte pour faux, abus de confiance et escroquerie. Les juges ont mis en examen treize anciens responsables de l'UMP, de la campagne ou de Bygmalion.