François de Rugy reste en poste. Mais il sera surveillé de près par Matignon et l'Assemblée, qui vont investiguer sur son utilisation des deniers publics, après les révélations sur ses dîners fastueux organisés à l'Hôtel de Lassay et les différentes mises en cause dont il fait l'objet depuis trois jours. Pour René Dosière, président de l'Observatoire de l'éthique publique, même si les agissements du ministre de la Transition écologique ne sont pas pénalement répréhensibles, ils font du mal à la classe politique.
"Il devrait avoir un comportement plus modeste que les autres"
"C'est terrible pour les responsables politiques parce qu'au fond, ils ont un devoir d'exemplarité et que la moindre accroche à ce devoir les fragilise complètement. Là, il y a aussi le choc des photos, qui frappe, dans une période où l'on a connu les revendications des gilets jaunes. C'est très dur alors qu'il n'y a pas de délits commis", estime l'ancien député PS, interrogé sur Europe 1.
Selon René Dosière, ces révélations mettent d'autant plus mal à l'aise que François de Rugy était un grand défenseur de l'exemplarité lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale, et qu'on lui prêtait plutôt une attitude "austère" jusqu'alors.
"On ne peut pas dire que tout ce que l'on apprend sur son compte ces derniers jours fait qu'il a une attitude exemplaire. Or, c'est quand même l'actuel numéro 2 du gouvernement, chargé de l'Écologie. Presque par définition, il devrait avoir un comportement plus modeste que les autres", estime le président de l'Observatoire de l'éthique publique.
"François Hollande avait eu le courage de trancher très vite"
"L'exemple est navrant pour l'ensemble des responsables politiques. Il y a un comportement qui n'est pas exemplaire, or c'est ce que l'on réclame aux hommes politiques, être exemplaire, peut-être un peu plus que le citoyen moyen", enchaîne René Dosière, qui a fait de la traque au gaspillage d'argent public une spécialisation lorsqu'il était lui-même député.
François de Rugy aurait-il dû être démis de ses fonctions ? Durant le précédent quinquennat, François Hollande avait mis fin à celles de son conseiller Aquilino Morelle et de son ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux, accusés, l'un, d'avoir dépensé de très grosses sommes en cirage de chaussure, l'autre d'avoir trouvé des emplois fictifs à ses filles. "François Hollande avait eu le courage de trancher très vite. Il ne les accusait pas, mais il avait bien vu le dégât politique", commente René Dosière.