Alain Juppé, qui sera dorénavant tenu au devoir de réserve par le Conseil constitutionnel, a dans une dernière interview politique assuré qu'il se serait sinon activement impliqué dans la campagne des européennes, pour convaincre de "sauver l'Europe", "menacée de dislocation" et de devenir "vassale" des grandes puissances. Sans être candidat, "j'avais bien l'intention de m'impliquer dans la campagne, pour dire ce que je pense, pour essayer de combattre les idées fausses qui circulent sur l'Europe, de convaincre nos concitoyens que c'est un enjeu essentiel", a déclaré Alain Juppé dans l'émission Dimanche en France de France 3, préenregistrée jeudi à Bordeaux, peu après sa conférence de presse d'adieux à la mairie.
Pour une "solidarité européenne". "Si nous n'arrivons pas aujourd'hui à sauver l'Europe, qui est aujourd'hui menacée de dislocation, qu'est-ce qui va se passer ? Nous serons les vassaux de la Chine, des États-Unis, de la Russie...", a poursuivi l'ancien Premier ministre, et chef de la diplomatie. "Regardez ce qui se passe aujourd'hui quand Donald Trump met des sanctions sur tel ou tel pays, nous sommes bien obligés de passer sous ses fourches caudines", a-t-il plaidé. "Seule une solidarité européenne nous permettra d'avoir les moyens de nous affirmer par nous-mêmes. Donc la souveraineté française, elle passe par une forme de souveraineté européenne".
Il aurait soutenu la liste d'Emmanuel Macron. Alain Juppé, qui a révélé qu'il avait déjeuné mardi avec Emmanuel Macron, a précisé qu'il se serait engagé "pour soutenir la liste que (le président) lui-même va sans doute constituer, pas une liste En Marche, mais une liste d'alliance avec différentes sensibilités politiques, du centre-droit, du centre-gauche". Mais en siégeant bientôt parmi les Sages, "je serai astreint à un devoir de réserve, c'est un choix". Selon lui," tous les pays européens sont marqués par une montée en puissance du populisme, n'oublions pas, les États-Unis et d'autres pays encore, c'est un phénomène très profond". Qui tient, selon lui, à une "double tension", entre la mondialisation, et des "peuples qui recherchent leurs racines". "Il y a cette double tension, cette crainte identitaire de voir se dissoudre ce qu'on est, son histoire, ses valeurs, et c'est à ça qu'il faut répondre, ce n'est pas facile, c'est un défi politique pour tous les gouvernements", a analysé Alain Juppé.
Pour lui, le problème de l'Europe, c'est "qu'on a le sentiment qu'elle est impuissante" face à certains défis, comme le contrôle des migrations, où "il faut qu'on soit beaucoup plus efficace". Mais que ce soit dans la présence numérique, "pour ne pas être sous la coupe de Google, Amazon, ou quelques autres", et dans l'écologie, où "l'Europe peut être à la pointe", il y a là "des ambitions qu'il faut donner à l'Europe, et aussi des valeurs", comme la démocratie représentative "incontournable", mais à "régénérer".