Il a voulu fendre l'armure. Alain Juppé a choisi la date limite du dépôt de candidature pour la primaire de la droite et du centre, ce vendredi, pour sortir son quatrième livre. Après trois livres programmatiques, De vous à moi se présente comme un ouvrage plus personnel. "On le sait : je n’aime pas parler de moi. Question d’éducation sans doute ou de timidité naturelle […] je n’ai pas l’intention de céder à la politique-spectacle. Pour autant il est bien normal que les Français souhaitent en savoir plus sur quelqu’un qui prétend à leurs suffrages", explique l’ancien Premier ministre pour justifier sa démarche.
Le conseil de Jacques Chirac. Alain Juppé veut casser son image de technocrate froid, lui-même reconnait qu’il est peut-être responsable de cette étiquette. Il l'explique à travers une anecdote. Lors de la campagne pour les législative de 1978, le premier ministre Jacques Chirac se rend dans les Landes pour soutenir la candidature d’Alain Juppé. Il s’accoude au bar, une Suze à la main, discute avec les clients, mais Alain Juppé, lui, reste au bout du comptoir… avec un Perrier-rondelle. Après cet épisode, Chirac lui aurait recommandé de "s’arrondir".
Quelques critiques à Sarkozy. De vous à moi n'entend pas concurrencer Tout pour la France de Nicolas Sarkozy en librairie, puisque le livre du favori à l’investiture LR sort uniquement en format numérique, gratuitement. Alain Juppé, d’ailleurs, ne se prive pas d’égratigner un peu son principal rival de la primaire. Mais, fidèle à sa ligne de conduite, il se garde bien de toute brutalité.
Un style différent. Ainsi, le maire de Bordeaux fait passer quelques messages. Sur l’impopularité, il souligne qu’"il faut savoir réagir dignement quand la main que vous tendez est refusée". En clair, le "casse toi, pauv' con" de Nicolas Sarkozy au Salon de l’Agriculture, ce n’est pas son genre. Pas son genre non plus de s’adresser aux "craintes " ou aux "emballements" des Français, laisse-t-il entendre en référence à la campagne très à droite de l’ex-chef de l’Etat.
Les affaires judiciaires. Alain Juppé revient évidemment sur sa condamnation en 2004, dans l’affaire du financement illicite du RPR. Et comme en échos à l’affaire Bygmalion, il explique qu’un chef doit être à la barre, sur la passerelle, mais aussi connaître ce qui se passe en salle des machines. Si Alain Juppé gratifie l’ancien président d’un bilan "positif", il regrette que ce dernier se soit peu à peu détourné des préoccupations environnementales et ait lancé un débat sur l’identité nationale, "générateur d’inutiles fractures".
"Une estime réciproque". Malgré les sarcasmes sarkozystes, Alain Juppé maintient son objectif de "l’identité heureuse" qu’il présente comme un nouveau patriotisme. Bref, lui c’est lui, et moi c’est moi, semble dire Alain Juppé à propos de son concurrent dont il écrit: "Nous avons eu des différends et nous en aurons encore". Mais il ajoute : "il y a entre nous, je crois, une estime réciproque".