Invitée vendredi de Sonia Mabrouk sur Europe 1, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin s’est agacée des critiques de Marine Le Pen quant au plan de lutte contre l’immigration clandestine mis en place par le gouvernement à Mayotte. Pour la présidente du Rassemblement national, seule une suppression du droit du sol peut mettre un terme à la pression migratoire à laquelle fait face l'île, avec 48% d’étrangers au sein de la population. Mais Annick Girardin a tenu a lui rappeler que la législation avait déjà été adaptée dans ce territoire de l’océan Indien.
"Marine Le Pen fait des déclarations sans connaitre les choses. Elle devrait prendre des cours dans l’école de sa nièce pour savoir que grâce au sénateur Thani Mohamed Soilihi nous avons adapté la question du droit du sol à Mayotte. Une parlementaire devrait le savoir", s’est agacé la ministre. "À Mayotte, pour être Français, il faut être né sur l’île de parents en situation régulière depuis au moins trois mois", rappelle-t-elle.
La question sensible des accouchements clandestins
"Il est faux de penser que l’on ne vient à Mayotte que pour le droit du sol !", poursuit la ministre, rappelant que les conditions sanitaires sur l'île attirent également de nombreux étrangers. Mayotte est ainsi la première maternité de France, or 70% des femmes qui y accouchent sont en situation clandestine. "Si Madame Le Pen ou moi devions accoucher aux Comores, je peux vous dire que l’on prendrait le Kwassa-Kwassa [embarcation de pêche utilisée par les Comoriens pour franchir la centaine de kilomètres d’océan qui séparent les deux îles, ndlr] pour aller accoucher à Mayotte. Les Comores sont l’un des pays les plus pauvres au monde, les conditions sanitaires y sont catastrophiques", observe-t-elle.
Toutefois, l’objectif de la ministre est de "rendre Mayotte aux Mahorais" : "Je mets aujourd’hui en place un plan de développement qui permettra à Mayotte de décoller économiquement. On signe un accord qui demande aux Comores de prendre leurs responsabilités, c’est-à-dire de lutter avec nous contre l’immigration clandestine. En contrepartie, on leur apporte 150 millions pour régler les questions sanitaires et de développement", indique Annick Girardin. Elle l’assure : "Il n’y a jamais eu un plan aussi important en moyens humains et matériels, à terre et sur mer, pour lutter contre l’immigration clandestine."