Après avoir limogé Virginie Calmels, Laurent Wauquiez s'apprête à renouer avec Sens commun

Laurent Wauquiez 1280
© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
  • Copié
Aurélie Herbemont, édité par Romain David , modifié à
Alors qu'il vient d'évincer de la direction du parti la juppéiste Virginie Calmels, le patron des Républicains se rend lundi soir à une réunion du mouvement issu de la Manif pour tous.

Un communiqué de trois lignes où elle n'est même pas nommée a mis fin à sa vice-présidence. "Après consultation de l'équipe dirigeante, Laurent Wauquiez nomme Jean Leonetti, maire d'Antibes, vice-président délégué des Républicains". Voilà comment le principal parti de droite vient de limoger Virginie Calmels, sa numéro deux. Samedi, dans une interview au Parisien, cette proche d'Alain Juppé avait encore appuyé ses critiques, en reprochant à Laurent Wauquiez de ne pas être rassembleur, d'emprunter parfois le vocabulaire de Jean-Luc Mélenchon et de se complaire dans la médiocrité de raisonnements simplistes et idéalistes. De quoi rompre définitivement avec le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui, malgré les critiques, continue de soigner sa droite. En déplacement lundi à Lyon, le patron des Républicains a en effet prévu de renouer avec Sens Commun, l'émanation politique de la Manif pour tous, dont l'ancien responsable avait voulu tendre la main à Marion Maréchal.

Table rase du passé. Les déclarations polémiques de Christophe Billan l'ont finalement contraint à démissionner. La désignation de Laurence Trochu à la présidence permet désormais au mouvement de retourner dans les petits papiers de Laurent Wauquiez. "Tout est remis à zéro avec la nouvelle présidente", assure ainsi un proche du président de LR, qui veut oublier la période où Sens commun plaidait pour la mise en place d'une plateforme de travail avec la petite fille de Jean-Marie Le Pen. "De toute façon, Marion Maréchal-Le Pen n'est plus en politique", balaye Laurence Trochu. "Je n'ai pas de contacts avec elle, notre travail c'est d'être au sein de LR et de refonder cette droite. C'est ce que nous faisons depuis quatre ans déjà", assure-t-elle auprès d'Europe 1.

L'agacement de l'aile sociale. Sens commun aspire clairement à influencer la ligne du parti, ce qui est loin d'en réjouir certains membres. "Wauquiez va les voir pour quoi ? Le mariage pour tous ne gêne plus personne !", s'agace ainsi un maire LR. De son côté, le député de l'Aisne Julien Dive, proche de Xavier Bertrand, ne conteste pas la présence de Laurent Wauquiez à la réunion de lundi soir, mais s'agace de ces attentions à sens unique. "J'aimerais bien que l'on écoute aussi les sensibilités humanistes et sociales de droite, il n'y a pas uniquement une droite tournée vers un conservatisme poussé, mais aussi une droite de progrès vers laquelle il faut tendre", plaide-t-il. "On lui donne moins la parole".

La barre à droite. Mais dans la bataille qui devrait prochainement s'engager contre l'ouverture de la PMA pour les couples de femmes, il y a fort à parier que Laurent Wauquiez mise davantage sur le poids de Sens commun que sur celui des progressistes pour renforcer son opposition à la politique d'Emmanuel Macron. Le virage à gauche attendra. "Des chemins différents ont été pris par certains, mais notre conviction profonde c'est qu'il n'y a pas d'espace politique entre, d'un côté, le président de la République et, de l'autre, Les Républicains incarnés par Laurent Wauquiez", résume auprès d'Europe 1 Damien Abad, également vice-président des Républicains.