Les 630 migrants secourus par L'Aquarius il y a un peu plus d'une semaine au large de la Libye ont commencé à arriver dimanche matin dans le port espagnol de la Valence. Invitée du Grand Rendez-vous d'Europe 1/Cnews/Les Echos, Marine Le Pen a considéré cette semaine de mic-mac comme un échec de la politique européenne en matière d'immigration. "Ils auraient pu débarquer plus tôt en Tunisie ou en Algérie. Mais on est parti du principe que les migrants devaient systématiquement arriver en Europe. Pourquoi ?", a-t-elle interrogé sur notre antenne dimanche matin.
Marine Le Pen "inquiète". "Bien sûr, je suis heureuse qu'ils (les migrants) soient sains et saufs, mais je suis aussi extrêmement inquiète. J'ai entendu le Premier ministre français indiquer qu'une partie d'entre eux allait arriver en France. Le signal est celui de l'ouverture de nos frontières nationales, au moment où l'Italie avec beaucoup de sérieux et d'efficacité dit 'maintenant, c'est terminé, on ne peut plus'", a fustigé la présidente du Rassemblement national (ex-Front national). "Ce qui va se passer, c'est que la prochaine fois, les bateaux n'iront pas en Italie ou en Espagne, mais directement dans les ports français. Et que fera le gouvernement français à ce moment ?", a-t-elle dénoncé.
Tensions entre dirigeants européens.Le sort des migrants secourus par l'Aquarius a suscité de vives tensions entre plusieurs pays de l'Union européenne, a fortiori entre Paris et Rome, depuis une semaine. Le nouveau gouvernement populiste italien a fermement refusé d'ouvrir l'un de ses ports, malgré la proximité géographique du bateau avec ses côtes. La France a vivement critiqué cette décision, Emmanuel Macron dénonçant le "cynisme et l’irresponsabilité du gouvernement italien".
Une phrase qui n'a pas manqué de mettre le feu aux poudres. Matteo Salvini, l'homme fort du gouvernement italien et patron de la Ligue du Nord (extrême droite), a immédiatement réclamé des excuses de la France, arguant que l'Italie ne pouvait "accepter de leçons hypocrites de pays ayant préféré détourner la tête en matière d’immigration". La France, elle-même, n'a pas souhaité accueillir le bateau, qui a finalement reçu l'accord de l'Espagne pour accoster à Valence.
"Nous avions proposé que le droit d’asile ne puisse être accordé que dans nos ambassades et nos consulats étrangers pour que personne ne puisse arriver sur le territoire national en étant clandestin potentiel" @MLP_officiel#LeGrandRDVpic.twitter.com/x45SBGSH2D
— Europe 1 (@Europe1) 17 juin 2018
"Hypocrisie" française. Pour Marine Le Pen, c'est bien la France qui faut preuve d'"hypocrisie" et de "cynisme total" dans ce dossier. "La France dit 'on ne veut pas d'images de clandestins accostant en France', mais on deale avec l'Espagne pour récupérer une partie des migrants qui sont sur l'Aquarius", s'est agacée la présidente de RN.
Aux yeux de Marine Le Pen, une évidence s'impose : "Emmanuel Macron est immigrationniste. On le voit partout dans ses déclarations, sa filiation idéologique et les budgets qui sont votés", a-t-il estimé.
Les ONG, "complices des passeurs". Applaudissant la fermeté italienne depuis le début de cette affaire, Marine Le Pen a soutenu qu'elle devrait inspirer les électeurs français à voter pour son parti. "La position italienne consiste à dire que nous n'accueillerons plus de clandestins qui sont amenés par ceux que nous considérons comme les complices des passeurs, à savoir les ONG. Je partage cet avis. Monsieur Salvini démontre qu'en matière d'immigration, il n'y a pas de fatalité", a-t-elle fait valoir.