Non, l'Education nationale n'a pas été laxiste dans l'affaire de l'assassinat de Samuel Paty, assure-t-il. "Je n'ai même pas envie d'en parler tellement la démarche est lamentable", assène le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer sur Europe 1, à propos du livre de David Di Nota. Le romancier et auteur de J’ai exécuté un chien de l’enfer accuse en effet l'Académie d'avoir rapporté dans une enquête une soi-disant "erreur" du professeur Samuel Paty dans sa façon d'enseigner, après que ce dernier se soit appuyé sur des caricatures de Mahomet dans ses cours. Ce que conteste le ministre.
"Il n'y a aucune enquête. Mais rien que de dire ça, c'est déjà donner de l'importance [à David Di Nota ndlr]", regrette le ministre, qui met en avant l'enquête en cours sur l'assassinat de l'enseignant. "S'il y avait des failles de l'institution dont j'ai la responsabilité, je n'aurais aucune difficulté à le reconnaître. N'allons pas chercher des choses qui sont fausses simplement pour faire scandale", se défend Jean-Michel Blanquer.
"Ce n'est pas bon pour le débat démocratique"
Dans son livre, David Di Nota reproche à l'Éducation nationale de ne pas avoir soutenu Samuel Paty dans son approche de la laïcité avec ses élèves. Le référent académique aurait "corrigé" l'enseignant en venant lui expliquer les règles de la laïcité. "Si n'importe qui peut écrire n'importe quoi, et qu'on oblige un ministre à rentrer dans la polémique avec cette personne, ce n'est pas bon pour le débat démocratique", balaye Jean-Michel Blanquer. Si la vérité est importante, ici, "ce n'est pas le cas. Le calcul de ce genre de personne est de faire scandale à partir de rien".
Le ministre de l'Éducation nationale est aussi invité à s'exprimer sur le livre de Didier Lemaire, professeur à Trappes, qui reprochait au ministère un "déni" sur l'islamisme. Jean-Michel Blanquer reconnaît que "si les choses étaient comme ils le disent, ce serait un problème". Avant de préciser sa lecture des faits : "La principale est allée porter plainte avec Samuel Paty au commissariat. Il a été joint par l'inspecteur adjoint de l'académie le week-end précédant le drame, en solidarité avec lui, pour envisager comment faire". Pour le ministre, "il ne faut pas occulter ces choses-là. C'est insultant pour les personnes en question".
"Je n'aurai aucun problème à reconnaître ce qui sera dit" après les conclusions de l'enquête
Le ministre Jean-Michel Blanquer souligne un "enchaînement de choses" avant l'assassinat de Samuel Paty. "C'est complexe. Ce qui s'est passé une fois que la plainte a été déposée ne relève pas forcément du domaine scolaire", estime-t-il, tout en assurant : "On y reviendra largement lorsque l'enquête rendra ses premières conclusions. Encore une fois, je n'aurai aucun problème à reconnaître ce qui sera dit à ce moment-là".
Et Jean-Michel Blanquer de déplorer une atteinte sur la démocratie : "Cette volonté de faire scandale, d'entretenir des clichés sur tel ou tel sujet ne facilite pas la vie démocratique".