Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé vendredi l'ex-patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, poursuivi en diffamation par le Front national pour avoir affirmé que le parti d'extrême droite finançait son appareil politique en détournant des fonds européens. Le 18 mai 2015, l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste avait déclaré sur franceinfo qu'"aujourd'hui, il y a une impunité pour le Front national (...) On peut faire ce que l'on veut au Parlement européen en détournant les fonds du Parlement européen pour financer l'ensemble de son appareil politique".
"Une base factuelle suffisante". Le parti d'extrême droite, mis en examen cet hiver pour complicité et recel d'abus de confiance dans ce dossier, avait déposé plainte, s'estimant diffamé par la dernière phrase. La 17e chambre du tribunal correctionnel a relaxé Jean-Christophe Cambadélis au titre de la bonne foi. Pour les magistrats, ses propos étaient bien diffamatoires mais il "disposait d'une base factuelle suffisante pour évoquer l'utilisation, par le Front national, de fonds initialement destinés à accompagner les fonctions des députés européens, pour, en réalité, financer le mouvement politique en France".
Enquête toujours en cours. En l'espèce, la défense de Jean-Christophe Cambadélis avait produit pour étayer son propos plusieurs articles de presse et un communiqué du Parlement européen qui, en mars 2015, annonçait que son président Martin Schulz avait saisi l'Office européen de lutte antifraude d'"éventuelles irrégularités financières commises par le parti français Front national". Les enquêteurs cherchent à savoir depuis 2015 si le Front national et sa présidente Marine Le Pen ont profité des fonds alloués par l'UE pour embaucher des assistants parlementaires qui étaient en réalité affectés à des tâches au parti. Marine Le Pen a été mise en examen dans cette affaire.